[Vampire] Kolyma znatchit smert

Ceci est le résumé d'une partie de Vampires improvisée, avec pour joueurs Joachim et Fabrice. Il s'agit d'un prélude personnalisé pour le scénario La Traque. Cela permet de nous garder une trace écrite. Si d'autres joueurs en lisent le résumé, ça leur donnera un aperçu du genre de scénario que je maîtrise, très axé sur l'ambiance, donc...Si ça dit quelqu'un après, je pense pouvoir intégrer facilement un personnage pour la deuxième partie du scénario.

L'histoire débute in medias res.

Deux femmes marchent en silence dans un long couloir blanc. A la vue d'une porte en bois massif, encadrée de deux hommes en uniformes, elles reconnaissent les lieux comme étant le Kremlin, centre du pouvoir politique soviétique. Pour autant, elles ne comprennent pas la raison de leur présence ici. Elles ne se souviennent pas s'y être rendues, leurs souvenirs sont confus. La seule certitude qui les habite est qu'elles se doivent de continuer d'avancer vers la porte qui, elles le savent, mène au Conseil des Brujah.

A l'ouverture des portes, leur est révélé un spectacle pour le moins troublant. Les membres du Conseil se tiennent immobiles autour de la table de réunion, leur peau étrangement marbrée. Bien que la réalité se fasse trouble, les caïnites saluent les membres du Conseil. Le décor de la salle semble changer de manière sensible. Les rideaux aux couleurs du Parti qui ornent les murs de la pièce miroitent, comme s'il ne s'agissait plus là de textile mais d'un liquide rouge vif.

La mâchoire de l'un des membres du Conseil s'ouvre avec peine, laissant couler le long de son menton, un sang noirâtre et épais. Sa main se lève dans un geste mécanique, désignant du doigt quelque chose derrière les deux vampires qui se retournent alors prestement. Une vieille femme aux cheveux laineux se tient derrière elles, les yeux opaques et le visage hideux. Sa tête se penche brusquement tandis qu'un sourire gâté fend son visage comme un fruit trop mûr. Les rideaux de la salle s'écroulent alors avec violence, se changeant en un torrent de sang qui inonde la pièce.


Les deux femmes se réveillent.


Le sommeil de Soeur Marie Clémence est interrompu, ses cris ont attiré l'attention de ses consoeurs qui s'inquiètent alors de savoir ce quoi il en retourne exactement. Réservée ou prudente, la caïnite n'évoque pas son rêve. Peu de temps après, un homme l'informe que son Sir désire la voir de manière urgente. Il s'agit là de Karl Schreckt, un homme influent dont l'ambition n'a d'égale que son amour pour le respect du règlement. Lorsqu'il la reçoit, son bureau est envahit par les textes de lois et il a l'air pour le moins préoccupé.

S'il a fait appel aujourd'hui à son infant, c'est que le Conseil Brujah cherche à enquêter sur la disparition d'une Justicar dans la région de Kolyma, dans le désert sibérien. Il semblerait qu'elle ait disparu ou cessé de donner des nouvelles après qu'on lui ait demandé d'y enquêter sur la gestion de camps de concentration par un caïnite ayant éveillé la suspicion du Parti.

Karl sous-entend à son infant que la Justicar lui semble incompétente et qu'un vampire bien plus méritant devrait avoir en charge une telle responsabilité. Aussi, lui fait-il comprendre qu'apporter la preuve d'un éventuel manquement au devoir ou bien de disparition pourrait tourner à l'avantage de cet homme aux dents longues... Soeur Marie-Clémence doit se rendre au plus tôt au Kremlin afin d'en savoir davantage et de servir au mieux son Sir.

Pendant ce temps-là, dans les ruines d'une bibliothèque de Minsk, s'éveille Symphorim. La pièce est recouverte de miroirs, crasseux ou brisés, ne renvoyant à la Malkavienne défigurée qu'une pitoyable image d'elle-même. Alors qu'elle émerge de son mauvais rêve, elle aperçoit une silhouette dans glaces qui l'entourent. Il s'agit de son Sir, une vieille femme dont la laideur n'a d'égale que la cruauté. Celle-ci n'a jamais eu que peu de contacts avec Symphorim, caïnite depuis plus d'un siècle pourtant. Dans un effet d'optique déroutant, les yeux de la vieille semblent envahir chacun des morceaux de miroirs environnant.

La voix stridente de cette-dernière lui dit qu'elle sait très bien qu'elle est là, et qu'elle sait qu'elle l'a vue. Symphorim se recroqueville, échange quelques répliques épineuses avec son Sir contre qui, elle le sait, ne peut lutter. La vieille lui annonce que son rêve est un signe, et qu'elle doit se rendre dans le nord sibérien, où, elle le pense, se trouverait un artefact légendaire qui lui serait utile. Le sompa. A l'instar du Graal, elle ne sait pas sous quelle forme il se présente, laissant pour seule indication spatiale "la planète enchantée, où douze mois par ans, c'est l'hiver, et tout le reste, c'est l'été...". Elle ne tarde pas à recevoir à son tour une lettre de convocation au Kremlin, dans les plus brefs délais.

Arrivée à Moscou, Symphorim en profite pour chasser. Malgré son visage scarifié, elle demeure charismatique. Attirer l'attention des ouvriers du coin ne lui pose pas de soucis. C'est avec aisance qu'elle isole l'un d'eux à l'arrière d'un bâtiment. Ivre, l'homme ne se doute pas qu'il a affaire à une caïnite rêvant de repeindre les murs avec ses boyaux. Elle lui demande s'il aime la peinture, une réponse graveleuse lui est fournie. Elle ne le tue pas et se contente, par ses pouvoirs, de faire de ses nuits et de ses moments de solitude, une véritable torture psychique. Des visions cauchemardesques le hanteront durant près d'un an.

Soeur Marie-Clémence se rend pour sa part sans tarder au Kremlin où on la fait patienter dans une salle aménagée de trois chaises seulement. Tandis qu'elle prie, ses pensées pieuses sont perturbées par un son pour le moins étrange, semblable à des gouttes ruisselantes. Elle lève lentement les yeux pour se retrouver, découvrant des pattes de poules surmontées du corps rabougrie de la femme de ses cauchemars. Celle-ci s'assoit sur une chaise, non loin d'elle et la fixe. La vieille demande si la soeur a rendez-vous, précise qu'elle aussi, mais pas aujourd'hui. Croisant son regard, Marie-Clémence aperçoit dans l'opacité de ses iris une scène de mise à mort. Celle des membres du Conseil. Finalement, la vieille disparaît aussi vite qu'elle lui est apparue...

On la fait finalement pénétrer dans un long couloir blanc dans lequel elle croise Symphorim. Interloquée, elle lui affirme l'avoir déjà vue. Symphorim, elle se contente de répondre qu'elle ressemble à beaucoup de monde -ce qui est loin d'être le cas. Quoiqu'il en soit, le rêve semble se réaliser, avançant vers la fameuse porte qui s'ouvre une nouvelle fois. Si durant quelques secondes, les membres semblent inanimés, ces-derniers accordent leur attention aux nouvelles venues.

Symphorim déstabilise quelques peu les membres du Conseil par son comportement excentrique. Elle perçoit néanmoins des voix susurrant une phrase en russe, "Kolyma znatchit smert", autrement dit, "Kolyma signifie la mort". Le Conseil mise sur les talents malkaviens de la jeune femme pour aider Soeur Marie- Clémence dans son enquête consistant à retrouver la Justicar. Elle n'aurait envoyée que deux rapports avant de disparaître, l'un confirmant sa bonne arrivée dans le village de Magadan, l'autre informant le Conseil de la découverte de mines d'or pour le moins étranges. Depuis, plus rien. L'un des membres remet à Symphorim un morceau de papier transmis par son Sir, sur lequel est écrit un genre de comptine énigmatique qu'elle ne comprend pas.

Pour plus de discrétion, le Conseil désire que les deux caïnites voyagent à bord d'un navire de futurs déportés, le Décabriste. Passant pour des missionnaires catholiques prêchant la bonne parole dans le village de pêcheurs en plein expansion, elles devront également jeter un oeil sur Piotr Ivanov, brujah ayant la main mise sur l'entreprise concentrationnaire humaine. La Soeur obtient du Conseil l'autorisation de sévir en cas de résistance et s'équipe de pieux.

La nuit suivante, les deux caïnites embarquent à bord du Décabriste. L'ambiance y est pour le moins oppressante. La faim et le désespoir rongent les déportés, et on loge les deux femmes dans les soutes du navire, dans une petite pièce à part. Les prisonniers en surnombre sont gardés par des hommes maintenant leur autorité par des armes à feu, ce qui n'empêche pas les plus désespérés de s'adresser aux deux femmes, leur réclamant à boire et à manger. La Soeur se contente de leur apporter nourriture et réconfort spirituel par la prière, mais suggère à Symphorime de se procurer quelques alimentation pour les plus mal en point. Elle obtempère, d'autant plus qu'elle semble prendre en pitié une jeune adolescente dont le crime semble avoir été la lecture d'Ernest Hemingway en club. Les intellectuels et étudiants sont en effet les premiers à être éliminés afin de maintenir le contrôle sur le pays...

Symphorim se rend aux cuisines dans lesquelles il règne une chaleur étouffante. Dans la vapeur, il lui semble discerner le visage d'une vieille femme. Deux des cuisiniers ne voient en elle qu'une simple femme à l'allure frêle, le troisième remarque l'absence de réaction physique à la chaleur chez la jeune femme. Ses joues ne rosissent pas au contact de la vapeur et à y regarder de plus près, elle ne semble pas respirer...Symphorim simule un malaise afin de détourner l'attention. Le garçon suspicieux est désigné afin de la raccompagner à sa chambre. Il l'informe au passage qu'il s'agissait autrefois d'un placard à entreposer des produits ménagers mais que les prisonniers y étaient entrés afin de s'empoisonner à l'aide des substances entreposées.

Elle décide de revenir plus tard dans la nuit dans les cuisines, accompagnée de Soeur Marie-Clémence, cette fois-ci. Forçant la serrure, elles parviennent non sans bruit, à pénétrer les lieux. Tandis qu'elles découvrent les réserves, des bruits de pas se font entendre. On les a entendu. Symphorime utilise sa capacité de Masque aux Milles Visages pour tenter de prendre l'apparence de l'un des cuistots. Le résultat n'est pas probant, et elle arbore un visage quelques peu défiguré. Lorsque le cuisinier pointe le bout de son nez, il demande si quelqu'un l'a agressé. Symphorim répond que oui, il s'agit d'une femme cachée dans les réserves. S'armant d'un couteau, il s'approche des réserves où l'attend Soeur Marie-Clémence, prête à sévir.

Symphorime tente de distraire le marin en l'attaquant psychiquement. Elle voudrait lui faire voir le visage des femmes qu'il a violées dans les soutes. Hélas, elle échoue. Cela dit, à la place, il semble apercevoir des femmes aguicheuses. Se frottant contre un jambon, il semble ignorer la présence de la Tremere qui le poignarde alors dans le dos.

Symphorime prend l'apparence du matelot afin de regagner les soutes, toujours accompagnée de la Soeur. Finalement, elles n'auront pas penser à prendre de nourriture pour les affamés. Elles s'enferment dans leur cabine. Plus tard, on les informe qu'un meurtre a été commis. On ne suspecte pas les deux femmes mais par mesure de sécurité, on leur demande de rester cloîtrée.

Deux jours et nuits s'écoulent quand finalement elles ressentent un choc violent contre le navire. Il semble être pris soudainement dans les glaces bien que l'hiver ne soit pas encore là. Un froid surnaturel semble envahir les environs, bloquant le bateau et ses 2.000 prisonniers en pleine zone glaciaire désertique...

Quelque chose de surnaturel est à l'oeuvre, visiblement...


Fin de la première partie.