Trollistes & Compagnie Jeux de Rôles, de sociétés, cartes et figurines (Association) |
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| BACKGROUND : CYNIS DEN | |
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fredraider Maître des Arcanes
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Feuille de personnage Jeu de Rôle: Nom du Perso:
| | | | Azathoth Ultimate Troll
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Feuille de personnage Jeu de Rôle: Oikouménè Nom du Perso: Negtaa, fils de Nihilio
| Sujet: Re: BACKGROUND : CYNIS DEN Lun 17 Sep 2007 - 19:49 | |
| Cynis Den ou L'espoir défiguré. I/ Age de déception.Cynis Ken'lao, fils de Cynis Tsabadeï, lui même fils de Cynis Denzumaki, descendant direct des soeurs matriarches de la plus grande famille Sang-de-dragon de l'Empire, attendait depuis tant de lunes un enfant, qu'il ne réalisait pas encore tout à fait que dans les entrailles de sa femme germait son successeur. Nombreux étaient les nobles impériaux de la famille à attendre l'héritier de Ken'lao. Pour la naissance de son fils, car ce serait un garçon, il en était certain, il organiserait une majestueuse fête comme l'Empire en avait connu peu; et déjà, il lui avait trouvé un prénom en mémoire de son illustre grand père: Den. Vint le jour pour l'enfant de naitre. Vint cet amer jour de bonheur. On dit que par delà les monts et forêts de l'île bénie, les cris d'Enkeda, la femme de Ken'lao, retentirent. Que le ciel se chargea d'ombres et de pluie, et qu'un esprit anathème posséda l'esprit de la belle Cynis. Car ce fût là, de triste mémoire, la mise au monde la plus épouvantable depuis longtemps vécu, et la naissance d'un tout aussi épouvantable, espoir défiguré. L'enfant, garçon, comme l'avait prédit son père, n'avait de noble que la lignée: Sur un corps normalement formé, pendait une tête diforme qui fit laisser échapper des cris d'horreur aux sages-femmes, juste avant qu'elles ne détournent le regard pour prier les cinq dragons. En effet, le visage de l'enfant, sur toute sa partie gauche, portait les stigmates inexplicables de la laideur incarnée: Les cloques brunes et jaunes, de taille variable, frémissaient parfois comme matière vivante, et ne permettait au nourrisson que de disposer de son oeil droit. Elles s'étendaient sur une partie du crâne et descendaient sur la joue, rougie par les pleurs qu'il versait. Des sages-femmes présentes, aucune n'osait le prendre, le toucher, voir même l'approcher, et dans cette chambre du palais de Ken'lao, où le sang cotoyait la peur et le dégoût, seule la mère, dans un râle demanda à voir son fils. Derrière la porte de la pièce,dans une intonnation faussement inquiète, le père demandait à voix forte ce qu'il se passait... Enkeda n'eut pas de mauvaise réaction envers le nouveau-né, et le serra contre elle dès qu'elle l'eut dans les bras. Elle souriait même. Mais elle se doutait bien qu'elle avait perdu trop de sang, et que doucement, venait son heure dernière. _Faites entrer mon mari, soupira t-elle aux accoucheuses. Je veux le voir...encore une fois...les voir tous deux... Les femmes s'éxécutèrent, conscientes elles aussi de la fin proche d'Enkeda. Ken'lao, d'un pas pressant, se rendit au chevet de sa femme. Sur son visage se mêla l'horreur et l'incompréhension à la vue du successeur. _Non...aime le et chérie le comme notre fils Ken'lao...aime le pour moi... Les mots avaient du mal à sortir de la bouche d'Enkeda, et elle faisait un visible effort pour rester consciente. Ken'lao, désemparé, sentant sa femme partir, abaissa sur elle son visage. _Ca va aller...ça va aller.. _Promets moi Ken'lao, promets-moi de ne le point rejeter...promets... _Je te promets ma femme, je te promets. Mais ne ferme pas tes yeux, des guérisseurs arrivent....les meilleurs de l'Empire...reste avec moi, reste... Au fur et à mesure que se dessinait un sourire sur le visage d'Enkeda, ses paupières tombaient. Bientôt, seuls les gémissements de l'enfant osaient fendre le silence lourd qui régnait dans la pièce. Ken'lao, stoique, se releva et contempla les deux êtres enlassés dans les draps, à l'origine immaculés, maintenant couverts de sang: En cet instant, il venait de perdre et sa femme, et son espoir. II/ Age de passion.Les années se sont écoulées depuis le funeste jour de la naissance de Den; et la mort D'enkeda. Ken'lao senferma d'abord dans un profond mutisme, laissant le fils aux soins de la soeur de son ex-femme, qui l'accepta plus par odre que par bonté. Après plusieurs semaines de silence, celui-ci revint le chercher, pour s'en occuper. Il avait alors changé, avait perdu de sa gloire et de sa fierté d'antant. Il avait une promesse à tenir. Rien de plus. Rien de moins. Ainsi, l'enfance de Den ne fut pas celle de la plupart des nobles fils de l'Empire. Ken'lao ne l'accepta jamais réellement, toujours rongé par le passé, lui imputant la mort de sa femme. Den, dernier né de la famille Cynis, n'était qu'un morveux qu'un père meutri se contentait de nourrir et d'héberger, n'échangeant que peu de paroles, ou de regards avec lui. La conversation qui revenait le plus souvent était à sens unique, presque criée, dans le ton méprisant de celui qui maudit le sort: _Sois fier!! Si tu es là, c'est grâce à ta mère et à elle seule! Alors acceptes toi! C'est toi là, ce monstre dans la glace, reflet du malheur qui touche ma famille!..ne te caches pas....et arrêtes de pleurer, ça ne fera pas disparaitre ta laideur!.. Ken'lao faisait afficher son fils, aux études comme à la ville, sans rien pour le couvrir, sans rien pour tromper le regard des autres. "La cloque", "le monstre", tels étaient ces surnoms dans les classes de l'Empire. Alors, il essaya de se passionner pour ses études, voulant à tout prix rendre fier son père. Il s'immergea dans les activités qu'ils pratiquait, quelles qu'elles fuent, pour plaire à Ken'lao. Mais rien n'y fit. Le temps passa, ne faisant guère évoluer les relations entre le père et son fils. L'adolescence de Den, dans la lignée de la petite enfance, ne donna pas de contre-expérience à son passé. Les regards extérieurs ne contenaient plus de la peur, mais l'habitude n'avait pas fait disparaitre le dégoût. Il arriva même un jour où Ken'lao, mendatait par les soeurs matriarches, dû aller leur exposer ce rejeton du démon dont les rumeurs avaient portées jusqu'à leurs oreilles. Le père, regagnant un peu de sa fierté passée, cru que cela pouvait lui être bénéfique. Quelle ne fut pas son accablement quand celles-ci rirent à l'apparition de Den, d'un rire moqueur résonnant dans leurs palais de jade et de marbre, d'un rire qui fit courber le dos du père et éclater la fureur du fils. On dit que du haut de ses 14 ans, son oeil rougi par les pleurs, Den menaca la plus puissante des soeurs, l'injuria et alla même jusqu'à s'avançer vers elle. Bien entendu, la garde intervint, et les rires moqueurs de la matriarche n'en furent que plus puissant. Et bien entendu, Ken'lao sentit tout le déshonneur de cette action inconsidérée et, dès qu'ils furent rentrés, donna la raclée de sa vie au fils. Malgré tout cela, Den continuait de s'accrocher au fil ténu qui le reliait à son géniteur. Il pensait pouvoir effacer son aspect physique derrière ses résultats, alors quoi qu'il entrepenait, il le faisait avec passion. Mais l'oubli n'est pas un don que conférent les cinq dragons, et le passé laisse des traces indélibiles sur les vies. Jamais, au court de son temps passé avec Ken'lao, Den vit un sourire lui être adressé. Le passage à l'âge adulte fut une période de réflexion pour lui, et de replis intérieur. Il apprit peu à peu à dédaigner ceux qui l'entourèrent, à dédaigner son père, à dédaigner sa propre famille, les Cynis. Et lui même rejeté par ses pairs, il se forgea des rêves d'aventures, de grandeurs et de beauté, s'échappant dès qu'il le pouvait du regard des hommes pour se réfugier vers celui plus conciliant de la nature. Elle, ne se moquait pas ou ne détournait pas le regard, et son silence était réconfortant et non glacial. Aux fastes des villes, aux palais d'or et de jade, aux rues grouillantes de monde, Den préférait les bois, les forêts, les plantes et les arbres. Ainsi, c'est dans une tension continuellement palpable que Ken'lao attendait l'exaltation de son fils, pour enfin être relevé de la promesse faite à sa femme, pour enfin décharger son destin du poids mort qu'était celui sur qui il avait fondé tant d'espoirs il fut un temps. Dix-neuf ans. Den, à dix-neuf ans, n'avait toujours pas été touché par la grâce des dragons alors que l'exaltation, normalement, se déclenchait avant cet âge avancé. Et Ken'lao, lasse d'attendre, devenait chaque jour de plus en plus aigri: _Ainsi, fils indigne, tu comptes gâcher le reste de ma vie aussi! Les dragons m'abandoneraient-ils?!... Quand donc vais-je pouvoir confier cette engeance à l'Empire?! Quand, enfin, vais-je pouvoir vivre sans la hantise de temps révolus?... Sans dire mot, Den pensait. Il aurait aimé s'échapper, lui aussi, de cet endroit. Mais pour aller où? Et pour devenir quoi? Ses rêves, ses échappatoires, peu à peu, laissaient place au désespoir. Il ne deviendrait donc pas un Sang-de-dragon. Il resterait, de tout temps, cet être raté, né pour souffrir et faire souffrir. Vingt ans. Encore une année de perdue. Ken'lao, à bout de nerfs, ne tenait plus. Ses amis, son entourage, par leurs conseils avisés, espérant retrouvé le Ken'lao des temps glorieux, lui soufflèrent de ces solutions que lui même avait effleuré, sans jamais les mettre en actes. Il était clair que Den ne connaitrait jamais l'exaltation, qu'une puissance anathème s'était joué de lui et le possédait surement encore aujourd'hui. Pour son bien, il fallait l'éloigner. Loin. Cynis Den, par une nuit sans lune, fut assomé en sa chambre, ligoté, kidnappé, et jeté à bord d'une galère s'en retournant sur les côtes de la forêt profonde, sur les terres à l'est de l'île bénie. Tout s'était passé très vite. Les marins avaient pour ordre de l'abandonner au milieu de l'épaisse végétation, puisqu'il s'y plaisait tant. Ken'lao ne regretta pas un instant. Il avait tenu parole. Il s'était sacrifié pour un espoir défiguré. Maintenant, il lui fallait tirer un trait sur celui dont il n'entendrait plus jamais parler, celui qui au gré des vagues, se dirigeait doucement vers son sombre destin.
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| | | Azathoth Ultimate Troll
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Feuille de personnage Jeu de Rôle: Oikouménè Nom du Perso: Negtaa, fils de Nihilio
| Sujet: Re: BACKGROUND : CYNIS DEN Mer 19 Sep 2007 - 14:58 | |
| III/Age de raison
_Qu'est ce que je fais là?! Réponds-moi boucanier, ou alors.... _Ahahah....ou alors quoi, face-de-pue? Tu vas me contaminer? Et le marin repartit dans un rire gras et sonore, entrainant celui du reste de l'équipage massé sur le pont. Den, les mains attachées entres elles dans le dos, debout sur le bois craquant du navire baptisé pompeusement "Ecaille de dragon", seulement vêtu de ses habits de nuit, dans ce milieu de journée, faisait tâche parmis les hommes aux fortes carrures et mines patibulaires. Devant lui se tenait le capitaine de la galère marchande, Kuzak'ji, un personnage impressionnant de plus de six pieds de haut, les traits tirés par le temps et les grimaces qui sans cesse animées son visage, lui même laissait en friche à une barbe de plusieurs semaines. Celui-ci était barré d'un sourire carnassier dessinant ses dents jaunies sur fond de peau hâlée par les longues expositions aux astres de feu. Vêtu d'un chapeau à large bord et d'un long manteau de riche étoffe, qui contrastait avec son apparence farouche, il se tenait nonchalament appuyé sur le large cimeterre à deux mains qui lui servait d'arme. _Tu es réveillé depuis à peine 20 minutes que déjà tu sèmes le trouble sur mon navire! Si cela peut t'aider, moi aussi je n'ai aucune idée de pourquoi tu es ici jeune homme...et la jade que j'ai reçu me suffit amplement à combler ce manque de réponse. Tu es ici sur mon navire, en direction des terres de l'Est. C'est ta destination. Définitive. En attendant, cesse donc de me briser les gaunades et va occuper ton temps utilement....Zimsay! Un homme aussi grand que le capitaine, mais bien plus large d'épaules, apparu aux côtés de Den. _Oui capitaine? _Défais les liens du monstre et mets le aux galères. En plus d'éviter de le voir, il servira à quelque chose... Las de ses moqueries, perdu dans un cauchemard qu'il ne comprenait pas encore,son sang ne fit qu'un tour. Den se lança vers le maître du navire qui commençait déjà à retourner vers sa cabine. Le second n'eut pas le temps de réagir tant il fut rapide. Il avala la distance qui le séparait du capitaine et s'apprêta à lui envoyer un coups de genou dans le dos. Mais, contre toute attente, Kuzak'ji fit volte face de manière si brutale et inattendue, que même Zimsey en fut surpris, et envoya un énorme coups de poing dans l'estomac du jeune Cynis. Celui-ci poussa un cri aigu et s'effondra à terre, crachant du sang et toussant fortement. _Ne meurs pas tout de suite jeune homme, tes bras peuvent encore me servir....emmener le!
Pourquoi?...Cela avait hanté les pensées de Den, au début. Les conjonctures n'étaient pas si nombreuses, et ce qui plus jeune lui eut paru comme impossible lui apparaissait maintenant comme probable. On s'était débarassé de lui, comme on se débarasse de choses inutiles. Il était seul. Seul, comme avant, sauf que maintenant, plus personne n'était là pour faire illusion. Il ne savait pas depuis combien de temps il était là, à passer, du lever au coucher du soleil, son temps à ramer. Ses bras, il ne les sentait pratiquement plus et c'est d'un geste machinal qu'il s'éxécutait. On lui avait passé des guenilles plus aptes à le protéger des vents frais. Il ne disait mots, n'échangeait rien avec ses compagnons d'infortune et encore moins avec l'équipage du pont. Dans son seul oeil, le regard avait durçit, et les traits de son visage, le peu qu'il en avait, marquaient non pas la résignation mais la combativité. Den changeait, peu à peu, troquant sa compassion contre de la conviction, celle de s'en sortir, et celle de vivre, enfin, pour et par lui. Tout ayant une fin, aux appels répétés de la vigie, Den compris que le navire approché des côtes. Il laissa échapper un soupir, de soulagement ou d'anxiété, lui même n'aurait sû le dire. Après avoir accosté, on vint le défaire de ses chaînes et on le mena de nouveau devant Kuzak'ji, à terre. Den se dégourdit les jambes, n'ayant que très peu marché durant le voyage, et balança son regard sur l'environnement qui l'entourait. Ils étaient dans le port d'une ville, amarré près de plus petits bateaux, qui semblait faire du commerce avec l'extérieur sa principale activité. Des vendeurs de produits de la mer se tenaient alignés non loin, excitant le chaland à grands coups de "Du cal'mar comme ça, m'dame m'sieur, on en trouve que chez moi !!", dans la langue commune. La petite ville avait laissé échapper ses habitants en cette fin de matinée douce et agréable. Cependant, ce qui attira l'oeil de Den fut cette ombre giganteste dans le lointain. Il connaissait les territoires de l'Empire, et savait qu'à l'Est s'étendait sur des lieux et des lieux, une immense forêt. De là où il était, elle semblait former une muraille, parallèle à la côté, la coupant du reste du monde. _Bon...ça c'est pas arrangé avec les vents salés des mers ton problème dis moi...toujours une gueule à faire fuir un aveugle. Den, entouré de quelques marins, face au capitaine, restait de marbre. _Hum...te voilà à destination. Je pourrais te tuer, maintenant. Si Den craigna pour sa vie, ni son regard, ni son visage ne le trahirent. Il fixait de son oeil Kuzak'ji, impassible. Celui-ci finit par sourire. _Tu sais quoi...j'ai pitié de toi gamin. Et en plus de ça, comme je suis un gentil capitaine, je vais permettre à mes gars de se dégourdir les guibolles et de s'amuser un peu, en attendant le chargement. Samuten, passe lui ton arme. Den reçut un cimeterre, plus petit et plus léger que celui appartenant au "chef", mais tout aussi aiguisé. Il empoigna si fort la garde que sa main droite devint blanche. _Maintenant, cours. Je lance mes hommes dans une heure. Alors cours aussi vite que tu peux, car ils vont avoir pour but de ramener ta tête, pour me permettre de l'exposer à côté de mes trophées de monstres marins. Une chasse à l'homme, voilà qui va bien amuser mes gars... Den, respirant sourdement, serrait les dents, contrôlant son envie farouche de tailler dans les marins l'entourant. Le gamin de son passé avait disparu. Ils l'avaient tué. Tous ceux là, tous ces êtres qui avaient croisé son chemin jusqu'à maintenant. Ils paieraient tous, un jour. En attendant, il n'avait pas le choix, si il voulait survivre. _Tu ne verras jamais deux visages comme le mien Kuzak'ji. Et la prochaine fois que cela se produira, ce sera le jour de ta mort. Den ne laissa pas à son interlocuteur le temps de répondre. Il courrut, d'abords doucement, puis de plus en plus vite, vers la forêt, au loin.
_Ca'ptaine...vous rigoliez hein...on va pas aller le chercher là bas... Les marins, sans plus parler, approuvés d'un hochement de tête ce que Zimsay avait dit. _Tss...bien sur crétins. Un capitaine enverrait-il ses hommes à la mort? Mais qu'il se pense traquer, et qu'il aille au plus profond de ce monstre végétal. Quelque danger y rôdant le tuera, et jamais plus nous n'entendront parler de lui. C'est du sang en moins sur les mains! Et il éclata d'un rire féroce.
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| Sujet: Re: BACKGROUND : CYNIS DEN Mer 10 Oct 2007 - 19:55 | |
| IV/Age d'exaltation
1.Errance.
Fuir le danger, mais aussi le passé; courir pour ne plus se faire rattraper. Par personne. Den n'avait pas hésité une seconde à s'enfoncer dans la sombre forêt qui se dressait tout autour de lui, limite des territoires civilisés, comme marquant le bout d'un monde. Il avait couru, longuement, jusqu'à essoufflement, changeant de directions au gré de ses envies, ne ralentissant pas, comme traqué par un invisible ennemi. Il avait d'abord traversé quelques clairières et contourné quelques buissons puis, au fur et à mesure que derrière lui le son chantant des vagues s'était effacé, les arbres s'étaient agrandis, déployés, reprenant leur place en ces lieux où la présence humaine aurait fait tâche. La lumière aussi avait grandement diminuée. Mais de tout cela, il ne s'en rendit compte qu'au moment où il s'arrêta.
Le temps de reprendre son souffle, Cynis Den s'appuya contre un des énormes troncs qui l'entouraient. Combien de temps s'était écoulé? Combien de lieues avait-il parcouru? Il ne le savait pas, et s'en fichait pas mal. Il n'avait plus de chaînes aux pieds. En observant les alentours et se tenant aux aguets, il comprit enfin la situation dans laquelle il était: A perte de vue, l'herbe haute et les arbres, enveloppés dans les bruits d'animaux et les faibles mugissements du vent, tiède, caressant sa peau meurtrie. Un labyrinthe végétal baignant dans une lueur spectrale, la lumière étant filtrée par le faîte des arbres s'élevant au dessus de toute dimension humaine. Le cimeterre qu'il tenait toujours en main lui paru tout à coup inutile, même absurde dans ce décor, dans cet environnement. Lui même ne se sentait pas à sa place, comme cette sensation du dormeur qui cauchemarde. Mais cette fois-ci, il ne se réveillerait pas. Il était seul, plus seul qu'il ne l'avait jamais été.
Apprendre à survivre, ou réapprendre à vivre, quelque soit le terme à employer, il fallut bien s'y résigner. Den marcha durant un cycle de lune dans la forêt, s'enfonçant toujours plus en dedans, non pas pour échapper aux corsaires, il était certain que jamais ils ne le trouveraient, mais par instinct. Un sentiment profond et invincible, qu'il ne comprenait pas très bien, mais dont il ne pouvait douter. Durant ce voyage, il apprit un peu à connaitre son nouveau monde, et en tira la conclusion que le danger rôdé partout, prêt à frapper n'importe quand, n'importe où. Il tenta tant bien que mal de se nourrir, restant, parfois des heures, à l'affût derrière un épais buisson pour surprendre les petits herbivores. Il avait beaucoup maigri, et se nourrissait, quand il devait se passer de viande, de champignons, d'insectes, au risque d'attraper des maladies, voir pire. Tout comme il buvait à même les plantes juteuses qu'il trouvait, quand aucun point d'eau ne mettait ses sens en alerte. Bien entendu, il repérait et se souvenait les aliments les plus nutritifs ainsi que ceux sans dangers, pour ensuite en rechercher au besoin. Au final, il n'avait attrapé durant son périple qu'une diarrhée, une affreuse migraine, des plaques rouges sur tout le corps et une perte relative de sommeil. D'ailleurs, concernant le sommeil, il s'évertuait à dormir en hauteur, malgré les difficultés à grimper aux branches des arbres, et ne dormait rarement plus de sept heures. Den n'avait rencontré aucun animal dangereux pour lui, durant sa marche, bien qu' il en apperçu chaque nuit au sol, grognant, rampant, griffant, en attente d'un repas qui ne viendrait pas. Il fut d'abord sur ses gardes au matin, craignant que les prédateurs soient encore dans les parages, à l'attendre. Mais jamais il ne les vit autrement que la nuit. Comme si le jour, quelqu'un, ou quelque chose, le protégeait et éloignait les bêtes sauvages. Et enfin, alors que montait à son ouïe le clapotis d'une source d'eau à quelques lieues d'ici, il s'arrêta devant un regroupement d'arbres, dont les branches enchevêtrées semblaient jouer entres elles, et décida qu'il était arrivé à destination.
Et le temps fit ce qu'il savait le mieux faire, il passa. Les cycles de lune, les saisons et les différences de température lui servaient de repère. En deux années, il était devenu un membre à part entière de mère forêt, avait exploré à de nombreux lieues autour de son habitation, qu'il avait bâti de branches, de lianes et de larges feuilles, au sein du regroupement d'arbres. Il possédait maintenant un arc, de bien meilleure augure que le corps à corps pour chasser, ou faire face à l'ennemi. Ses flèches, elles, étaient de très bonne facture et contrebalançaient la grossierté de l'arme. Il avait appris à connaitre la flore l'entourant, à un niveau médecinal, sachant ce qu'il fallait utiliser pour faire passer tel ou tel mal, cicatriser telle blessure; et aussi la faune, sachant quand il était le prédateur, et quand il était la proie. Les animaux sauvages étaient réaparrus après son installation dans le coin, comme par enchantement. Il avair appris à se faire respecter, ou craindre, bien qu'encore, dès qu'il avait ses deux pieds sur le sol herbeux, il restait constamment aux aguets. Aucun moment de répis, sinon dans sa petite cabane. Ainsi, ses sens s'aiguisèrent peu à peu. Sa vue, à travers son seul oeil valide, était son salut dans de nombreuses situations. Son ouïe aussi avait évolué, devenant lui aussi un sens de la survie. Il voyait et entendait mieux que n'importe quel homme moyen civilisé. Et, pour ne pas avoir l'impression de diparaitre, il pensait, beaucoup, et parlait pour ne pas oublier le son de sa voix. Les loques qui constituaient ses habits n'étaient rien à côté du manteau de solitude qu'il portait chaque jour. Mais il reviendrait un jour, parmis la civilisation, il reviendrait dans l'Empire pour se venger. Au désir de prouver à tous qu'il était plus qu'un visage défiguré, se mêlait celui de faire payer cher à ceux qui n'avaient pas cru en lui, et l'avaient rejeté, brimé, abandonné. Kuzak'ji. Ken'lao. Les Cynis...
Un matin, un autre. Den est en chasse, comme chaque jour, alors qu'une fine brume, telle un linceul étalé, s'étend à ses pieds. Un flèche encochée, l'arc fermement tenu, il avance à pas de loups au sein de la luxuriante végétation. _C'est par là?! T'es sur?! _Chut, chut! parlez moins fort...les bêtes sauvages sont ici chez elles et n'aiment pas qu'on foule leur territoire... _Moui...et je n'aime pas que l'on foule mes hommes à coups de griffes. J'en ai perdu 6 depuis le départ, alors j'espère pour toi que nous sommes bientôt arrivés. Des voix! Des voix humaines, non loin. Den est parcouru d'un frisson irrésistible. Il se fige un instant. Les bruits viennent de l'ouest: des voix qui murmurent, le sol foulé par des pas, le faible cliquetis des armes. Il finit par reprendre conscience et à pas feutrés, s'approche du groupe, trouvant le meilleur coin d'observation. Des hommes, si loin de tout...Les questions se bousculent dans la tête de Den, tout comme une certaine excitation. Il pourrait se montrer et rentrer chez lui grâce à leur aide. Sont-ils le signe qu'il attendait? _On ne devrait plus être loin...mais vous savez, je ne suis jamais allé aussi loin dans la forêt, ni personne à ma connaissance d'ailleurs. C'est de la folie, de la folie... _Tu te répètes guide, et cela commence à m'énerver. Si tu es là, comme nous, c'est que tu penses que le jeu en vaut la chandelle, alors marche et tais toi! Den compte 13 personnes, habillés de vêtements déparaillés aux couleurs sombres. Il ne reconnait pas l'accent, mais à la façon qu'ils ont de parler, ce ne sont pas des érudits, c'est certain. Armes à la main, déparaillés, vociférant sans cesse, ce sont sans doute des bandits, contrebandiers, mercenaires, ou toute autre canaille selon lui. Il les suit à distance durant près de trois heures. Ils vont vers un endroit que lui n'a pas exploré et ne connait pas du tout. Si tout se ressemble pour un profane, un habitué des bois sait s'y retrouver. Et là, tout lui parait nouveau. _....C'est là!...Enfin, je crois...Normalement c'est là. Sur la carte, le dessin représente un trou creusé à même un gros arbre... En disant cela, l'homme faisant le guide, et toute la troupe derrière, avait les yeux fixés sur le chef d'oeuvre végétal. Den aussi en eut le souffle coupé quand il l'apperçut . Comment un arbre aussi magnifique, gigantestque, presque fantasmagorique dans sa sculpture, dans son feuillage, pouvait exister? Indescriptible, celui ci semblait ne pas appartenir à cette forêt, voir à ce monde. En sa base était creusé un trou où aucune lumière ne pénétrait, comme une grotte donnant sur le néant. _On...On y va! Rugit celui qui semblait être le chef. Nous allons devenir riches! Ils s'approchaient de l'entrée ténébreuse, quand en sortit, doucement, une masse rampante. Le groupe fit halte. Face à eux, semblable au gardien d'un sanctuaire sacré, un énorme lézard les fixait sans plus bouger. De sa gueule dardait sa langue, en signe d'avertissement, et parfois celui-ci l'ouvrait en grand, faisant miroiter ses larges crocs en réponse à leurs lames. Le reptile devait faire près de huit pieds de long et semblait capable d'avaler en deux bouchées un homme de contitution moyenne. Il restait impassible. Le chef de la bande donna l'ordre aux archers de s'approcher. Den suivait la scène, à une trentaine de mètres du lieu et ne savait que faire, alors se contentait d'observer. Les archers, au nombre de trois, s'alignèrent devant la troupe, tremblant. Le chef demanda à tous les guerriers de se préparer lorsque la bête chargerait. Puis il donna l'ordre de tirer.
Den reçu cet ordre comme un coups de fouet, cause d'une force invisible qui venait de le frapper soudainement, lui intimant d'agir. Il leva son arc. _Tirez je vous dis! Vous ne voyez pas que ce lézard est abruti par je ne sais quoi! Den visa.
_Tirez! Den banda son arc à son maximum.
_Tirez! Den coupa son souffle et, dans un état second, agissant une nouvelle fois à l'instinct, comme le moment où il s'était aventuré dans la forêt, il tira. La flèche ne siffla pas. Puis les archers tirèrent dans ce même moment. Seules deux flèches partirent, et firent mouche. Le troisième homme avait une flèche enfonçée aux trois quarts dans le creux de son oreille. La bande se mit à crier en voyant leur compagnon s'écrouler, accompagnant ainsi le cri d'agonie qui s'échappait du reptile géant. La troupe commença alors à paniquer, ne sachant pas d'où venait le danger. Le reptile chargea. _Attaquez! Attaquez le monstre! hurla le chef Alors que le groupe se ressaisissait un peu, le lézard venait de se jeter sur un des archers encore vivant. Il planta ses crocs dans le cou et lui en arracha la moitié, faisant naitre un geyser de sang, cause de la flaque qui s'agrandissait rapidement sous le corps inerte. Une deuxième flèche frappa. Den décochait ses munitions comme si il était en danger de mort, faisant mouche à chaque coups. Un guerrier tomba, la flèche perçant sa jugulaire. Mais la troupe formait de nouveau un groupe compacte et attaquait, tel un seul homme, la créature reptilienne. Celle-ci laçéra le ventre de l'autre archer, laissant échapper ses viscères qu'il tenta vainement de rentrer à nouveau dans son corps, avant de succomber. Une autre flèche, un autre mort. Les griffes et les crocs tuaient eux aussi, mais le surnombre était tel que les épées frappaient sans rencontrer de résistance, ricochant parfois sur les épaisses écailles, mais entaillant aussi, dans les pires moments, profondément les chairs. Bientôt, l'animal s'affaissa, gémit une nouvelle fois, comme il l'avait fait avant de charger, puis tenta de ramper vers son antre. Les hommes allaient l'achever quand une autre flèche vint perçer le front d'un des guerriers. Alors, ils prirent conscience de l'autre danger, celui tapi dans l'ombre. Ils n'étaient plus que six, mais couvert de sang, la colère et la soif du combat les submergeaient. Ils laissèrent l'animal baignant dans son sang et se précipitèrent vers l'endroit d'où était venu le trait mortel. Den, comme à la sortie du sommeil, mit un peu de temps à se ressaisir. Voyant les combattants se ruer vers lui, il rengaina la flèche qu'il avait sorti du carquois, se retourna et courru. Mais les hommes étaient près, trop près, ivrent de rage. Leur chef, encore debout, exultait leur combativité, leur envie de tuer. Den sentait l'odeur du sang, et aux cris du chef, croyait qu'il était juste derrière lui, à quelques centimètres. Puis, un des guerriers eut l'idée de lançer son arme. L'agilité de Den ne pouvant lui servir dans ce moment là, il prit la lame de l'épée dans le dos, ralentit sa course, et les six hommes lui tombèrent dessus. _Ne le tuez pas! Ne le tuez pas! On va le faire souffrir cet enfant de chienne! On va s'en amuser avant! Le regarder mourir!
Dernière édition par Azathoth le Jeu 22 Mai 2008 - 22:25, édité 6 fois | |
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| Sujet: Re: BACKGROUND : CYNIS DEN Mer 10 Oct 2007 - 19:55 | |
| Les poursuivants se mirent en cercle autour de Den, à terre. Bien entendu, ils l'avait débarassé de son cimeterre à la ceinture et de son arc. Den fit un effort pour se relever. Dans le tohu-bohu qui venait de prendre fin, un homme avait réussi à lui planter sa lame dans le ventre. Le chef vit ça et s'en amusa, puis eut un geste de dégoût en apercevant le visage de l'être devant lui. _Tu n'iras plus bien loin dans ton état...qui que tu sois...je ne sais pas ce que tu fous ici, mais je pense rendre un service à l'Empire en le débarassant d'un parasite...Les mânes de mes hommes réclament ta tête mais je suis certain qu'ils le regretteront en la voyant... Erreur de la nature, voici venu ton heure dernière! Et le chef, après avoir rengainé son épée, frappa d'un coups de poing la blessure de Den. Celui-ci gémit de douleur et se plia en deux. Un autre coups de poing, en pleine figure. Puis un coups de pied qui renvoya le Cynis à terre. _Amusez-vous, mais ne le tuez pas. Le chef croisa les bras et regarda faire ses hommes. Den fut rouer de coups comme jamais, ressenti une souffrance dont il n'aurait pû imaginer la force, saignait abondament de sa blessure et ne souhaitait au final qu'une seule chose: mourir le plus vite possible. Des images non-sensiques s'entrechoquaient dans ses pensées confuses et sombres. Il était à l'orée de sa vie, et avait échoué en tout. Il mourra seul, dans ce coin, loin de tout. Il n'entendait plus les voix des hommes que comme de lointains sons, à peine audibles. _C'est bon, je me charge de le finir! *Vis* Le chef dégaina sa large épée et s'approcha du corps meurtri de Den. La poussière et les herbes s'étaient collées au sang s'écoulant de toutes ses blessures. Il était étendu, et ne bougeait plus depuis quelques temps. Puis un mouvement. *Vis* _Tu as encore quelque force on dirait! Den s'appuya sur ses bras et tenta de se soulever le haut du corps. *Vis* _Oui, c'est ça, lève toi que nous te contemplions! Den cracha du sang puis réussi à ramener ses jambes sous son torse dressé. Sa tête était chancelante, comme berçée par le vent, vers le sol. *Vis* _Encore un peu d'effort...ahah..Le chef brandit son épée. Den, après avoir pris appuis sur ses jambes, se leva, doucement, le corps arqué en tous sens, titubant, la tête toujours fixé vers la terre. *Vis.* Le chef abbatit sa lame dans le but de briser le crâne de Den. Au dernier moment, celui-ci eut un geste de recul, vif, trop vif pour un homme dans son état. L'épée avait tranchée dans les pustules et fendu une partie de son visage, n'entamant que la peau. Den s'était redressé et fixait l'homme robuste qui avait été quelque peu déséquilibré par son coup raté. Il était stoique face à ses adversaires, comme si il ne ressentait plus aucune douleur. Le silence s'était fait. Partout. Les cinq autres guerriers ne bougeaient plus, ne riaient plus. Les feuilles même ne bruissaient plus. *Vis. Maintenant!*
Et tout s'éveilla. Très vite. Les yeux de Den se chargèrent d'un vert sombre, sa peau prit la teinte et l'aspect du bois, de l'écorce, sa pilosité celle des feuilles et de l'herbe. Et puis le choc. Une explosion d'essence à son apogée. Tout autour de Den le sol tremblait, les pierres se brisaient et volaient, les arbres se fendaient et s'écroulaient. Le chef de la bande fit un bond de plusieurs dizaines de mètres et ses compagnons avec lui. Tous furent lacérés en maint endroits, et trois parmis eux s'écrasèrent contre des troncs, au point qu'on entendit de loin se briser leurs os. Puis tout disparu et le silence de nouveau, avant que les bruits habituels des lieux réapparraissent, lointain d'abord, puis plus près. Den chancela et s'écroula. Il venait de subir l'exaltation. Sextes-Jylis l'avait touché.
Il se senti partir, mais entendant un bruissement, tout près, ouvrit avec difficulté son oeil. Le chef de la bande, d'une vigueur différente des autres, s'approchait, l'arme à la main, finir ce qu'il avait commencé. Il marchait doucement, faisant gaffe à ne pas tomber, s'équilibrant du mieux qu'il pouvait. La haine l'animait. Den ne pouvait plus rien faire, il se sentait vidé de toute substance. Il voyait la mort au visage burriné approcher, innexorablement. Quand celui-ci fut au dessus de lui, Den sourit en pensant que son âme allait pouvoir trouver le repos là où son corps, lui, n'avait trouvé que misère. Le chef leva une nouvelle fois son arme. L'oeil de Den fixait la lame écarlate. Elle tomba.
Dernière édition par Azathoth le Ven 13 Juin 2008 - 13:57, édité 2 fois | |
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| Sujet: Re: BACKGROUND : CYNIS DEN Dim 9 Déc 2007 - 23:16 | |
| 2.Kômu.
La lame qui s'abat comme le destin prenant son dû, inexorable, innarétable. L'acceptation de la mort. Puis, comme éjecté du néant, extérieur à la scène, une ombre brise le fil du destin. Une ombre immense emporte l'homme et sa lame de châtiment si rapidement que Den ne comprend tout d'abord rien à ce qui se passe. Puis un cri, déchirant, résonnant sans fin dans la profonde forêt; et le bruit des os que l'on brise, des chairs que l'on déchire, des viscères que l'on dévore. Dans un ultime effort, le fils des 5 dragons tente de soulever sa tête pour apercevoir, à quelques pas de lui, les traits que la mort va maintenant prendre. Mais la douleur est telle que de nouveau, son crâne, poisseux du sang qui colle à ses cheveux, retombe dans la poussière. Les bruits alentours finissent par se taire. Seule la respiration de la créature est présente, ainsi qu'un étrange sifflement, léger, mais crevant le silence entourant Den, telle une lame la peau. Elle s'approche, lentement. Den fait de terribles efforts pour pouvoir contempler le monstre qui lui a laissé quelques secondes de répit. Si il pouvait sourire, il le ferait, surement. Au dessus de son visage, masquant le jour, la gueule apparait. C'est un dragon. Den croit voir un dragon....ressemblant peut-être à celui qu'il a vu tomber sous les coups des mercenaires il y a peu.Mais le peu qu'il en voit laisse penser que celui-ci est encore plus grand, plus puissant. Malgré la langue qui darde à travers sa large mâchoire, se frayant un passage entre un filet de sang, et ses longs yeux jaunes où se dessine la mort, Den, face au lézard géant, se sent bien. Puis, glissant parmi l'oubli, la nuit se fait totale et son monde disparait.
Pom-pom....pom-pom....pom-pom... Ce bruit lancinant dans sa tête va finir par la faire exploser. Il sent son coeur battre, l'entend si profondément que cela lui résonne dans le crâne. Den se redresse brutalement de sa couche. Il fait sombre autour de lui, malgré un faible voile de lumière semblant flotter à ses côtés. Il est assis sur un matelas fait de fougères et de feuilles, et une épaisse couverture de lin retombe sur sa taille. Il est nu. Sur son corps courent quelques bandages fais à l'aide de larges feuilles, et l'odeur d'onguents passés sur sa peau se ressent fortement. Peu de temps après, sa vision s'étant faite à l'obscurité ambiante, il distingue les contours inégaux de la grotte dans laquelle il se trouve. Non loin de lui quelques braises sautent encore dans un foyer agonisant.
_Vous voilà réveillé jeune homme. J'ai bien cru que cela n'arriverait jamais. La voix vient de derrière lui, sans qu'il est pu entendre quelqu'un approcher ou respirer. Il tente alors de se retourner et c'est toutes ses blessures qui l'élancent, lui faisant pousser un râle de douleur avant qu'il ne retombe sur son lit de fortune. _Calmez-vous....vous avez perdu beaucoup d'essence, vous devez vous reposer. Encore. L'homme qui parle est maintenant à ses côtés. Den voit se dessiner dans la pénombre son habit de toile, simple, le couvrant des pieds au torse, et retombant sur ses épaules en de nombreux plis. Sa petite tête ronde et son corps frêle semble totalement en contraste avec sa voix ferme et rude. Alors qu'il se penche sur Den, celui-ci détaille le crâne chauve, les nombreuses rides et les petits yeux ronds qui dansent sur son visage de marbre. _Où suis-je?.... _En sécurité sang de dragon. Maintenant, repose toi. Les deux derniers jours semblent insuffisants. Après nous aurons à parler...
La fatigue pesait sur Den telle une chape de plomb, et il se sentait de nouveau partir. Il se demanda si la roue du destin s'était jouée de lui, pour qu'il se retrouve dans un grotte aux côtés d'un vieillard. _Ah, voilà Kômu qui revient...
Puis la voix du vieil homme s'effaça, et Den chavira une nouvelle fois dans le monde des rêves.
3. Renaissance.
_Enfilez ça. Ce sont de vieux habits de cuirs, mais en bon état encore. Et ça vaudra mieux que vos haillons. Le vieil homme referma un large coffre de bois, qui avec trois ou quatre autres, de différentes tailles, semblaient constituer le seul mobilier de l'endroit. _Ce sont mes vêtements de jeunesse. Ils devraient vous serrer un peu mais ça ira.... Les deux hommes se trouvaient toujours dans la grotte où maintenant, de plus près, Den pouvait voir courir sur les parois de nombreuses racines. Le foyer était allumé, faisant se mouvoir les ombres fantastiques des deux êtres. Den ne ressenti pas les fortes douleurs qu'il pensait trouver en s'habillant. Bien entendu, il n'était pas prêt à de nouveau courir la forêt, mais il pouvait se déplacer, étendre ses bras et bouger un peu sans trop souffrir. Cependant, ses blessures lui paraissaient bien secondaires quand à son esprit venaient se cogner les nombreuses interrogations qu'il avait. _Je...je te remercie de m'avoir sauvé vieil homme mais.. _Ce n'est pas moi qui vous ai sauvé jeune homme. _Qu...quoi? Enfin, je ne sais comment mais je te dois... _Pas grand chose sinon quelques bandages et onguents, ainsi qu'un abris. Venez, je vais vous présenter à votre véritable sauveur. Interloqué, Den mit un peu de temps avant de suivre les pas du vieil homme qui était en train de se diriger vers l'entrée de la grotte. Bientôt, la lumière naturelle du jour se fit plus intense et à la vue de l'ouverture béante donnant sur le monde extérieur, à une dizaine de pas de lui, Den dut détourner le visage. Le temps de s'habituer à la clarté et il reprit sa marche vers la sortie où l'attendait le vieil homme. A ses pieds, comme un sphinx montant la garde à l'entrée d'un tombeau, une grande forme sombre se tenait sans bouger. Devant l'entrée de la grotte, lové sur lui même, un lézard d'une taille exceptionnelle dormait, se réchauffant aux rayons de l'astre solaire. Den le vit, puis derrière lui, le dessus des arbres, un océan de verdure à perte de vue se découpant sur un ciel bleu où quelques nuages voguaient nonchalamment. Il se trouvait dans une grotte dominant la forêt, à une hauteur qui devait être impressionnante. Avec un vieil homme et un lézard géant. _Il dort. Il a veillé sur vous de nombreuses heures, malgré le froid de la grotte et malgré la fatigue. Vous avez encore dormi plus d'une dizaine d'heures depuis votre dernier réveil, et il est resté à vos côtés. Sachant que vous alliez mieux, il s'est assoupit à la faveur du soleil matinal voilà juste une heure ou deux. Den ne bougeait pas, encore à l'intérieur de la grotte, sur son pallier. Il laissait son regard errer sur la créature. Elle était plus grande que celle qu'il avait vu dans la forêt, attaquée, il en était certain. Il se souvenait une énorme gueule au dessus de son visage avant le trou noir, après son exaltation. Il se souvenait...mais n'osait croire ce que sous-entendait la situation actuelle. Le vieil homme, comme si il avait lu dans ses pensées, mit fin à ses doutes: _C'est lui qui vous a trouvé dans la forêt, qui as tué un "homme méchant" et vous a amené jusqu'ici pour que je puisse vous aider à mon tour. Enfin, c'est ce qu'il m'a dit. Mais je pense qu'il voudrait vous dire tout ça en face... il semble tenir à vous chasseur...quel est votre nom d'ailleurs? _Je suis Den...Toute cette histoire est absurde... _Bien sur. Tu diras ça à Sextes-Jylis quand tu le verras. _....Oui...j'ai été exalté. Sextes-Jylis, mon dragon. Loué soit-il pour son aide. Mais comment sais-tu vieil homme? Et lui, qui est-il vraiment? _Appelle moi Gaïos. Je le sais car je suis moi même un serviteur de Sextes-Jylis, moine serviteur du Dragon du bois....et que j'ai un peu d'expérience. Lui, c'est Kômu. A ce nom, la tête du lézard bougea quelque peu, puis finit par se détacher de son corps lové pour se tourner vers les deux hommes. Quand les yeux jaunes du reptile rencontrèrent l'oeil de Den, la créature laissa s'échapper un grognement et toute sa masse se mit en mouvement dans le but de venir à la rencontre du jeune exalté.
Den ne bougea pas malgré les pensées qui faisaient chanceler son esprit. Il n'avait jamais vu une bête comme elle, mais à défaut de peur, c'était la curiosité qui s'emparait de ses sens. Il ressentait pour le reptile géant quelque chose qu'il n'avait jamais ressenti avant. Un invincible lien se tissait doucement dans le sein du balafré. _Il te remercie. Les rides du vieil homme donnait à son sourire quelque chose de presque effrayant, quand il dit cela. _Tu as déjà dis qu'il t'avait parlé. Tu comprends cette créature? _Il se nomme Kômu, chasseur. Et oui, je le comprends. Den abaissa de nouveau son regard sur le reptile qui maintenant se tenait devant lui, monstre fantasmé dans les obscurs rêves des seigneurs dragons, sa queue battant la poussière et sa gueule frottant la jambe gainée de cuir du chasseur. Sans quitter son regard, et sans que sa main ne tremble, il la porta sur le crâne du lézard et le caressa. _Kômu...c'est ça... _Asseyons-nous un instant, que la situation s'éclaircisse pour toi Den. Gaïos fit asseoir Den sur une souche d'arbre, alors que lui prenez place au sol. Kômu resta debout, face au jeune Cynis. _Je traduirais ce qu'il dit, mais tu lui répondras directement. Il te comprend, et tu le comprendras aussi un jour, car vos destins sont liés. _Mon destin?...Tu es donc aussi pourvu d'humour Gaïos...mon destin...Un homme rejeté par les siens, vêtus d'habits de cuir dans une grotte aux confins des mondes connus...si il est lié avec Kômu, c'est que les 5 dragons ont prévus de me faire vivre dans les marécages de cette immense forêt qui s'étend à nos pieds! Ahah... Gaïos sourit et se tourna vers le reptile géant. Celui-ci émit des grognements étranges, sa langue dardant souvent à travers sa mâchoire. _Il a une dette envers toi. Il veut dorénavant te servir. _Quelle dette? C'est lui qui m'a trainé jusqu'ici, non? _Adresse-toi à lui et non à moi. Den rencontra de nouveau la gueule de Kômu, souffla un coups et entreprit de parler avec le reptile. _Je me nomme Den. Je te suis reconnaissant de m'avoir sauvé. C'est donc moi qui ai une dette. _Il dit que tu as permis à son épouse de vivre, et donc, à ses enfants aussi. _C'était donc ton épouse...je pensais qu'elle avait succombé aux coups des brigands. Je n'étais pas seul quand je l'ai aidée. Sextes-Jylis m'accompagnait. C'est lui qui a guidé mes flèches. _Il le sait. Sextes-Jylis est son maître aussi, et c'est lui qui l'a guidé jusqu'à toi, qui a permis votre rencontre en ce jour. La grotte-arbre où il vivait avec son épouse est un lieu sacré du dragon du bois. Il en était le gardien. _Pourquoi parles-tu au passé Kômu, si elle n'est pas morte? _Car cela appartient au passé. Désormais, il te suivra. Il sera, dans les combats qui jalonneront ta vie, ton...allié. Den garda le silence quelques instants, son regard plongeant dans celui de l'animal. Pour la première fois de sa vie, il se sentait aimé. Devant lui ne se tenait plus une créature effrayante, mais Kômu, un varan devenu dès l'instant, son allié, son frère de sang. Gaïos rompit le silence que seul le vent frais d'altitude osait parfois ébranler. _Va donc chercher le présent Kômu, que as ramené le jour dernier. Le lézard géant, après un étrange ronronnement, disparu dans la grotte.
_Prends soin de lui guerrier, car il sera ta plus fidèle arme, et ton plus fidèle appuis. _Oui...Mais, toi Gaïos, qui es-tu? Loin de l'île bénie, loin de l'Empire, alors que tu es sang-de-dragon. L'exil forcé aussi? _Non, l'exil choisi. J'ai servi du mieux que j'ai pu la reine écarlate et les 5 dragons. Lorsque l'on me signifia que mes services avaient été suffisants, je fis le choix de venir en lieu reculé, loin des hommes mais près de Sextes-Jylis. Je suis un moine qui n'oublie pas ce pourquoi il vit. Ici, je suis plus près de lui que n'importe où ailleurs. Le vieil homme accompagna sa dernière phrase d'un ample geste du bras pour désigner, derrière Den, le haut de la grotte. Le jeune exalté n'avait pas vu que celle-ci, en son sommet, n'était pas directement surmontait d'une paroi rocheuse, mais d'un gigantesque arbre d'où d'innombrables racines noueuses partaient. Son feuillage était d'un vert éclatant que les saisons ou le climas ne pouvaient altérer. Malgré la surprise de cette nouvelle vision, Den avait du mal à croire en l'histoire de Gaïos, en ce simple retrait du monde civilisé. Mais il n'eut pas le temps d'approfondir cette question, car déjà Kômu sortait de la grotte. Dans sa gueule, un objet brillait. C'était un arc. Le varan déposa l'arme toute de jade verte miroitante aux pieds de Den, qui s'était levé, stupéfait. _Prends cette arc qui vient de la grotte-arbre Den, c'est un présent de Kômu, et de Sextes-Jylis. Prends cet arc et porte le avec toute la fierté d'un sang-de-dragon car lui aussi fait aujourd'hui parti de toi.
Den ramassa l'arme. L'arc de Jade étincela quand les rayons du soleil vinrent le frapper. Il le serra fort entre ses mains, puis baissa son visage vers Kômu pour esquisser ce qui pourrait ressembler à un sourire. En ce jour, Den pris conscience de son destin. Il avait finit d'errer. Il était temps pour lui de prendre un nouveau départ. | |
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| Sujet: Re: BACKGROUND : CYNIS DEN Mer 20 Fév 2008 - 19:09 | |
| 4. Ancienne rancoeur et nouveau départ.
a/Retour à la civilisation
La flèche siffla sur 200 mètres avant de finir sa course en traversant le fruit mur qui, sous la force du trait, éclata. _Tu as fais d'énormes progrès. Den se retourna et aperçu Gaïos qui souriait. _Tu es un bon maitre Gaïos. Les quelques mois passés en ta compagnie m'ont plus apporté que tous mes efforts précédents. _Oh...je ne suis qu'un serviteur zélé de Sextes-Jylis. Le jeune exalté rangea son arc et enfourcha Kômu. En lui tapotant le cou, il murmura à sa monture que sans lui non plus il n'en serait pas là où il est. Elle poussa un grognement de satisfaction, lui sembla-t-il.
Den était devenu un archer hors-pair et avait appris au fil du temps à manier son arc, comme il avait appris à manier ses pouvoirs d'exaltation. Il passait ses journées entre l'entrainement, la méditation, et quand tout cela était fini, les loisirs. Soit, l'entrainement à l'arc... Quant à ses nuits, elles étaient en grande partie consacrées à ses rancoeurs et à la préparation de sa vengeance future. Il avait fait de Kômu son compagnon le plus fidèle et de Gaïos son maitre, et son père. Le temps que passa Den dans la jungle de l'est fut sans aucun doute les plus belles années de sa vie.
Mais, comme tout à une fin, celle de son séjour ici était venue. C'est lors d'un soir sans étoiles qu'il s'adressa en ces mots à Gaïos: _Je te suis reconnaissant pour tout, maitre, et ne pourrais jamais payer la dette que j'ai envers toi. Je ne peux plus que m'en sortir, vaincre ce monde qui m'a rejeté pour me sentir digne de tes enseignements. Je passerai les obstacles, ou les ferai tomber, je m'élèverai au sein de l'Empire et deviendrai quelqu'un dont tu seras fier. Le temps du départ est venu. Ma route doit continuer, ailleurs. _Je suis déjà fier de toi guerrier et le seul fait de te savoir en vie me réjouira...Mais ton coeur contient encore cette haine, cette noirceur qui semble à jamais l'avoir gangréné, je le sens. Je n'ai pas réussi à dissiper les sentiments qui te rongent. Bien sur, tu devras te méfier de ce monde dans lequel tu retournes, car il est le foyer de l'injustice et de l'hypocrisie, mais ne deviens pas comme eux. Tu ne résoudras rien en semant la violence. Den restait silencieux, ne trahissant ses pensées par aucune parole. _L'Empire deviendra ta nouvelle famille d'adoption et tu lui dois allégeance, respect et dévouement. Je t'en ai beaucoup parlé...mais prends garde, car le danger est multiforme. Ta soif de reconnaissance ne doit pas t'aveugler, tu m'as compris? _Je crois. _Bien, bien...tu restes dormir cette nuit tout de même? Je sais que Kômu pourrait te conduire jusqu'à la côte à n'importe quel moment de la journée, mais il te serait plus agréable de voyager de jour. Et nos adieux auront l'air moins pathétiques. Gaïos sourit une nouvelle fois, les flammes du foyer dansant sur son visage ridé. _Alors allons dormir, nous avons de la route demain.
Lorsque Gaïos senti le poids du sommeil tomber sur lui, il entendit la faible voix de Den porter à ses oreilles. _Bonne nuit Gaïos. Et merci... Le lendemain, quand le premier rayon matinal vint réveiller Gaïos, un silence inaccoutumé régnait dans la grotte. Il était seul.
La forêt est immuable, symbole parfaitement représentatif de l'invincible Sextes-Jylis. Den pensait à cela lorsqu'il s'était de nouveau retrouvé au plus profond de celle qui l'avait portée, telle une mère, durant tant d'années. Lui avait changé, mais elle, comme la première fois où il avait fait sa connaissance, restait à la fois mystérieuse, envoûtante et effrayante. La nuit, déjà sombre, était devenu au sein du monstre végétal d'une telle opacité que même Den, à la vitesse où ils allaient, ne pouvait juger des obstacles qu'à moins de 10 mètres. Kômu galopait comme jamais il ne l'avait fait, tous les sens en alerte, menant son jeune maitre vers sa destinée. Vers leurs destinées. Les heures s'égrenèrent avant que les deux compagnons ne remarquent un changement. Le vent portait à leurs oreilles expertes un bruit qui n'avait rien de naturel. A encore une heure de marche, devant eux, se trouvait la fin d'un voyage. Et le début d'un autre. _Aller Kômu! Aller! Allons, du haut de l'Empire écarlate, cracher à la face du monde!
L'épaisseur de la forêt se réduisit peu à peu, se parsema de clairières et de diverses traces, signe du passage des Hommes. Les inquiétants bruits dans les ténèbres, inqualifiables, laissèrent place aux chants des hommes, aux cris des femmes, et plus lointain, au mugissement des vagues. Arrivé à la clairière de l'impressionnante forêt, Den tira sur les rennes de Kômu. Derrière lui, dans un des recoins les plus sombres de ce monde, de lumineuses années. Devant lui, là où au sable se mêlait les herbes éparses, dans la lumière blafarde d'un matin d'été accouplé à quelques lampes à huile, son avenir. Il respira profondément et étudia les quelques personnes encore dehors, dans les rues de cette ville-port qui, lui semblait-il, était celle dans laquelle il avait débarqué quelques années auparavant. Lui revint en mémoire Kuzak'ji, le capitaine complice de sa "fin" précipitée. La haine embrasa la flamme de l'espoir, et sans plus avancer, car de là où il était il avait une vue complète sur le port commercial, il chercha un navire. Il était là, l'Ecaille de Dragon, amarré parmi d'autres galères marchandes, doucement balloté par les flots. L'oeil de Den brilla et un sourire fit jouer sa cicatrice. Il ajusta sa cape de façon à cacher son visage et fit avancer Kômu. _J'en connais un qui ne passera pas la nuit...
Les chants braillards des marins, de trois marins ivres, pour dire vrai, s'échappaient de ce qui semblait être la seule taverne des environs: La mousse écarlate. Le bâtiment, monté sur trois étages, devait aussi servir de logement pour les âmes en perdition qui venaient s'y échouer. Den fit avancer Kômu, évitant les quelques passants égarés, jusqu'à l'arrière du lieu. De là, il fit signe à son animal de ne plus bouger, et d'attendre son retour. Lorsque l'exalté pénétra dans la salle enfumé, les quelques soudards encore présents le dévisagèrent, interrompant leur chant quelques secondes...avant de le ré-entamer de plus belle, profitant des respirations pour porter les choppes à leurs bouches. Den s'approcha du comptoir, dévisagé par le barman, un vieil homme robuste à la barbe grisonnante et au crâne luisant de sueur. Celui-ci rangea une choppe qu'il venait de nettoyer sur l'une des étagères derrière lui, et dans laquelle se reflétait une crasse qui devait être maintenant incrustée. _J'vous sers quoi étranger? _Rien. Un navire doit-il bientôt quitter le port pour les terres de l'Empire? Le patron leva un de ses sourcils broussailleux, s'humecta les lèvres et répondit d'une seule traite: _Ouais, il y a "Le trait de Jade" qui part d'ici demi-heure en direction des côtes Est de l'Empire, mais j'suis pas sur qu'ils prennent du monde. J'vous ai jamais vu par ici...à peine arrivé vous voulez repartir? _Possible. Kuzak'ji dort ici? Le visage de l'exalté, toujours dissimulé sous sa capuche, se tourna vers les escaliers situés au fond de la pièce. _Hein?...Possible... _Je prends une chambre. Le barman, étonné par le singulier homme mais en proie à la fatigue de la longue journée qu'il était sur le point de finir, cessa de se poser trop de questions. Il tendit une clé à Den. _Chambre 9, premier étage. Payable demain matin, au plus tard. Den, sans accorder d'intérêt à ces dernières paroles, se dirigea vers l'accès à l'étage. Les chants des quelques hommes soûls n'avaient pas cessés.
Sans prendre de précautions, l'exalté commença à ouvrir toutes les portes qu'il trouvait. Le quatrième essai fut le bon. Porte ouverte, odeur de stupre et d'alcool, et le corps allongé, nu, d'un homme entouré de deux femmes, toutes aussi nues. Un rictus se dessina sur les lèvres de Den, et un léger frisson le parcourut. Il s'approcha des femmes, les réveilla et tout en leur faisant signe de se taire, les chassa de la chambre. Imprégnées d'alcool, et peut-être de drogues, les jeunes femmes se laissèrent faire. Puis, fouillant les alentours du lit, le chasseur éloigna dans un coin de la petite pièce les affaires du pirate: habits et armes. Den ferma ensuite à clé, et jeta le salut du pirate à terre. Il s'approcha de la seule fenêtre, qui donnait sur l'arrière de l'auberge, et l'ouvrit en grand. Un vent frais s'engouffra, soulevant doucement les rideaux élimés ainsi que les draps froissés du matelas où gisait le corps ronflant de Kuzak'ji. Arc en main, flèche encochée, Cynis s'approcha du pirate, savoura quelques secondes encore sa position dominante, et d'un grand coups de pied dans les côtes, réveilla le capitaine de L'écaille du dragon, qui, par un réflexe étonnant, se redressa de suite. _Hein!...hein!...Qu'est-ce qui se.... Dans la semi clarté de la pièce, Kuzak'ji vit la forme qui se découpait sur le mur, juste en face de lui. Elle recula un peu, à la fois immatérielle et imprécise. Le pirate cru d'abords à une hallucination, se frotta les yeux, et fixa de nouveau la forme. _Tu ne rêves pas, chacal. Et tu ne rêveras plus...Ma voix ne te dis peut-être plus grand chose, mais...mais mon visage forcera tes souvenirs à refaire surface! Den s'approcha de quelques pas et abaissa sa capuche. Les traits difformes de l'exalté offrirent aux yeux encore embués de Kuzak'ji un spectacle auquel jamais il ne se serait attendu. La bouche pâteuse de l'homme commença par babiller avant de sortir quelques sons articulés péniblement: _Je...tu..tu es mort toi... _Je suis mort oui. Et tu fus l'un de mes bourreaux Kuzak'ji. Je t'avais dis que mon visage, tant abhorré par toi, serait le dernier que tu verrais. Den leva son arc et le banda, la flèche située à seulement 3 mètres du visage du pirate. _Non, non! Attends...ATTEEE.... Le cri du marin prit fin lorsque la flèche du chasseur vint percer sa bouche, et se figer dans le mur derrière lui. Kuzak'ji, les larmes aux yeux, avait la tête plaquait contre le mur de bois, tel un vulgaire papillon épinglé. Den encocha une deuxième flèche, doucement, et banda de nouveau l'arc. _Mon visage...une dernière vision de l'enfer...ahah... Le petit rire de l'exalté ne couvrit pas le bruit d'os brisé que fit le crâne de Kuzak'ji quand il éclata sous la puissance du second tir.
L'exalté resta près d'une minute à fixer cette scène pathétique et atroce à la fois. Il se sentit soulagé, et comblé. Mais il lui restait encore un bourreau à qui rendre visite, un être fait de son sang et de sa chair. Il ne trouverait le repos qu'après l'avoir revu. Une ultime fois.
Il sauta par la fenêtre et ne tarda pas à rejoindre sa fidèle monture. Le soleil dardait alors ses reflets éclatants sur l'immense océan qui, furtivement, venait laisser choir son écume brillante sur la plage de sable fin. Le cavalier trouva facilement Le trait de Jade et aussi facilement, parvint à trouver un arrangement avec le capitaine. Ce n'est pas tous les jours que celui-ci avait un seigneur de la terre en mission diplomatique sur son navire. | |
| | | Azathoth Ultimate Troll
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| Sujet: Re: BACKGROUND : CYNIS DEN Mer 28 Mai 2008 - 21:17 | |
| b/ Chasseur d'anathèmes.Le voyage fut calme, à l'image de l'océan et du temps. Den le passa seul, inspirant crainte et curiosité aux marins du Trait de Jade, qui jamais n'osèrent lui adresser la parole. Le capitaine seul prenait ce risque, se sentant ainsi renforcer dans son rôle de chef. L'exalté se trouvait, la plus grande partie des journées, à la proue, appuyé contre la balustrade donnant sur l'immensité des eaux. En lui se mêlait colère, haine, mais aussi, dût-il se l'avouer, une certaine joie, ou en tout cas, excitation à l'idée de rentrer. Il s'étonnait d'avoir les pensées confuses à l'idée de retrouver son père, comme si sa sourde colère, toujours présente, il le savait, se tarissait quelque peu à l'approche de l'île bénie. Aucun pardon se répétait Den, inlassablement, aucun pardon...et pourtant, il n'était pas totalement certain de ce qu'il devrait faire, de ce qu'il devrait dire. _Nous arriverons d'ici quatre heures seigneur de la Terre! annonça le capitaine, avant de faire demi-tour et disparaitre de nouveau dans sa cabine. Den se pencha sur Kômu et lui caressa le front. Le lézard ferma les yeux et darda sa langue, semblant apprécier le geste. Enfin, après l'avoir tant de fois rêvé, tant de fois imaginé, Den foulait de nouveau le sol de l'île bénie. Les années étaient passées, inexorables, le temps s'était égrené, et avec lui, les souvenirs d'une jeunesse auxquels jamais plus il ne pourrait se raccrocher. Enfance volée. Vie brisée. Il questionna quelques marins sur l'endroit où se trouvait la ville où devait vivre son père, où se trouvait son ancienne demeure. Elle était relativement loin, à cinq jours de marche à l'intérieur des terres, non loin de la capitale. S'équipant du nécessaire, il ne s'attarda pas sur les côtés et prit le départ le plus tôt possible. Sur le chemin, il avait eu le temps de se fixer un itinéraire. Ou plutôt deux. Après avoir rendu visite à son père, et après avoir lui avoir rendu la monnaie de sa pièce, il s'engagerait en tant que chasseur, shikari pour l'Empire écarlate. C'était là la meilleure façon pour un oublié de refaire surface s'était-il dit, tout en mettant son entraînement à contribution dans la chasse aux anathèmes. Si il voulait gagner en importance dans l'Empire, prouvait à la famille Cynis, à Création toute entière qu'il existait, il lui faudrait faire ses preuves. Le deuxième itinéraire était tout autre, et lui été inspiré par la confusion de ses sentiments: Si jamais son père s'excusait, si jamais il regrettait, alors, peut-être... Mais Den ne pensait jamais longtemps à cette solution. Il ne voulait plus espérer, sentiment qu'il pensait faible et réservé aux lâches. Bientôt, il sortit de ses rêveries. Il reconnaissait les abords de la ville où il avait vécu, et sans difficultés, il s'orienta jusqu'à l'extérieur du bourg, ne tardant pas à apercevoir, dans le crépuscule qui se levait, l'importante bâtisse de son enfance, imposante et solitaire. Il s'arrêta à une centaine de mètres de la maison, le coeur battant à tout rompre, respirant difficilement. Kômu gémit, comprenant toute la nervosité qui imprégnait son maître. _Ca va aller Kômu...je dois régler cette affaire seul. Tu vas rester dans les parages...je reviens d'ici peu. Tout en disant cela, il descendit de sa monture, tremblant légèrement. Il ajusta sa cape élimée, usée par les voyages, ainsi que sa capuche, s'assura d'avoir tout sur lui, repoussant inconsciemment la rencontre qu'il attendait pourtant depuis tant de temps. Finalement, il se décida et marcha d'un pas sûr vers la demeure Cynis, à la fois confus et décidé à en finir, colère et appréhension comme compagnons. Trois coups contre une porte de bois épais. Une voix, trop claire pour être celle d'un homme. Des pensées qui s'entrechoquent. Une ouverture, un visage. Une femme, le sourire aux lèvres. Une jolie femme. Elle parle, elle semble interroger l'exalté. Une voix masculine, au loin. Une voix connue. La voix d'un père qui résonne plus fortement, plus durement qu'il aurait put s'y attendre. La voix d'un souvenir, d'un cauchemar. ...Monsieur?...Vous voulez quelque chose?...Monsieur?... Den pousse la porte, mécaniquement, repousse la femme qui la tenait entr'ouverte. Il entre, avance vers le salon, la salle principale de la maison. La voix de l'homme vient de là-bas. Il n'a plus peur. _Où allez-vous?! Vous ne pouvez pas entrer chez les gens comme ça! La voix féminine...Qu'est-ce qu'une femme fait ici? Den pousse les portes, traverse les couloirs, pénètre dans le salon. Le femme est sur ces talons, haletant quelque peu. Devant lui, un homme. Un père vieillit, un père changé, un père différent. Un père qui le fixe sans arriver à distinguer les lignes d'un visage masqué par une capuche brune et sale. Il ne peut parler. Il se demande ce qu'il fait là, il se demande ce qu'il doit dire. La femme continue de parler, lointaine, invectivant Den, alors que l'homme au visage marqué par les épreuves du temps reste stoïque. Peut-il s'attendre à quelque chose? Dans ce salon, dans cet Empire, deux être se font face, et dans le silence, laissent parler leurs yeux. Den rabat sa capuche sur ses épaules. Que doit-il dire? Y-a-t-il seulement quelque chose à dire? L'homme recule, enfin. Dans son regard, le doute fait place à la terreur. La peur. Il semble balbutier quelque chose. Den n'entend pas. Son oeil valide suit l'homme, l'interroge. Il le supplie. Le femme est venu aux côtés de l'homme, elle semble presque hystérique. L'air semble si épais que même les voix ne semblent pas porter jusqu'à Den. Jusqu'à ce qu'enfin, Ken'Lao, père de Den, perce un silence de tant d'années: _Que fais-tu là?! Engeance! Tu es mort! Tu es mort! Tu as tué ta mère, tué mon espoir! Tu ne peux pas être là, tu ne dois pas être là! Tu appartiens à un passé révolu! Mort, tu es mort! Des sanglots se mêlent aux cris haineux de l'homme, les traits du visages tirés, les yeux rougis, les poings fermés. Il titube presque en hurlant, balance son visage à travers toute la pièce, cherchant une sortie, un échappatoire à cette scène cauchemardesque. La femme à ces côtés le soutient, en larmes, ne comprenant surement pas ce qui se passe. Elle serre Ken'Lao contre elle, amoureuse, chaleureuse, protectrice. Den le remarque maintenant. Elle a le ventre gonflé. Elle est enceinte. _Sors d'ici! Sors de chez moi! Tu n 'existes pas, tu n'existes plus! Je suis heureux, je suis...heureux!...Pars...pars.. Il semble si faible, maintenant. Y-a-t-il seulement quelque chose à dire?Den comprend. Ses lèvres sont restées collées, son visage n'a trahit aucun de ses sentiments. Rien, sinon une larme qu'il ne peut retenir, et qui, doucement, parcourt la joue déjà meurtrie du jeune exalté. Son essence s'enfuit, et bientôt, il est entouré de l'aura verte des fils de Sextes-Jylis. Il attrape son arc. Encoche une flèche. _Tu...tu es devenu seigneur de la terre?! Tu...non! Non! Tu as aussi volé l'exaltation! Tu ne la mérites pas, tu n'es pas un des nôtres!... Le regard de Den s'est perdu, loin. Ailleurs. Il agit, à peine conscient. Il est temps d'en finir. Sa voix a le ton le plus neutre possible, froide comme le jade. _Tu as pris mon passé, père. Je suis venu prendre ton avenir. Il bande son arc et vise Ken'Lao, alors que celui-ci tremble sans qu'il puisse y faire quoi que ce soit. Puis, d'un geste vif, Den détourne son arme et laisse partir la flèche. Un râle s'élève, bientôt accompagné du plus déchirant des cris. La flèche a percé le ventre de la femme, pénétrant de moitié la chair. Un liquide ne tarde pas à suinter, tomber sur les lattes de bois laqué, rouge sombre et épais. Une deuxième flèche encochée. Ken'Lao attrape sa compagne par les épaules, hurle, se tourne vers Den, cherche à s'emparer d'une arme. Une deuxième flèche part. _Tout ton avenir Ken'Lao. Tu vivras désormais sans futur, tout comme je vivrai sans passé. Ken'Lao ne bouge plus. Le projectile a pénétré les habits de toile qu'il portait, à l'entrejambe. Le sang, là encore, ne tarde pas à se répandre sur le sol. Le chef de maison Cynis tombe à genou, et finit par s'écrouler, un masque de rage et de douleur gravé sur son visage. Sur le parquet, derrière lui, une masse sanguinolente est épinglée. Sous la force du trait, le sexe s'est littéralement déchiré du bas-ventre de Ken'Lao. Le sang, les larmes et les cris. Den se calme, son aura disparait peu à peu. Il range son arme, fixe encore un instant le théâtre qui se joue devant lui, remonte sa capuche et dirige ses pas vers l'extérieur. Une page se tourne, un bourreau tombe. Un ennemi nait. --------------------------------------------------------------- Le voyage dans la désolation grise arrive à sa fin. Au loin, dans la claire matinée, Den aperçoit les minarais de Dornak la magnifique, ville rebelle où sévit un anathème, et où, selon les informations qu'il a eut avant de quitter l'île bénie, un groupe de chasseurs sévit. Le vent chaud du désert gifle Kômu, faisant danser avec lui les milliers de grains d'un monde inconnu aux deux amis. Cynis Den esquisse un sourire, persuadé d'avoir vécu le pire. Des soldats de la IVème légion de l'Empire se dirigent vers lui. Cynis Den esquisse un sourire, persuadé d'avoir été. Ne se doutant pas à quel point il sera. Ne se doutant pas que le combat ne fait que commencer. | |
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