12 et 13 de Terrä an 117 du 3ème Âge
Cher journal,
Aujourd’hui, j'ai rencontré un peuple des plus incroyables.
Après notre arrivée dans la forêt des Vand'rills, nous avons rejoint Merivh Cayin et ses camarades exorcistes au Temple d'Imperia. Ils nous ont informés que le chef d'un ensemble de tribus Vand'rills, qui s’étaient regroupées suite à de multiples attaques sur leur territoire, Dro'Vendal Tête de Lion, souhaitait nous rencontrer afin de négocier une alliance.
Mes compagnons et moi sommes alors partis à sa recherche à travers la Forêt. Nous avons choisi de laisser Lyséria en compagnie des exorcistes et de Tyraël pour qu'elle puisse se reposer. Elle a l'air encore éprouvée par son récent « retour à la vie ».
Sur le chemin, nous avons rencontré une dryade. Rares sont celles qui se laissent approchées, c’est pourquoi je ne connais que très peu ce peuple craintif. Il se trouve que la dryade ayant croisé notre route, à son insu, était blessée. C’est pour cela que nous avons réussi à la repérer. Après que nous l’ayons aidée, la fille de la forêt a décidé de nous mener jusqu’au village Vand'rills afin de nous remercier.
Et c’est là que la découverte commence réellement pour moi.
Arrivés dans le territoire Vand'rills, nous avons rapidement atteint leur campement.
Leur village est organisé de manière vraiment tribale. Les mi-hommes mi-bêtes vivent dans des tentes disposées en cercle laissant un espace centrale, le cœur du village.
Le chef, Dro’Vendal Tête de Lion, nous a reçu dans ses quartiers, une tente visiblement bien plus grande que celles de ses congénères.
Les informations qu’il nous a fournis sont essentielles. Il semblerait qu’un clan d'ogres se soit rallié à N'Audar et compte profiter de la concentration de nos troupes sur le champs de bataille pour nous prendre à revers. Les Vand'rills proposent d’occuper et d’empêcher les ogres de rejoindre le combat. Sans nul doute que si cette précieuse information nous avait échappé, nous aurions essuyé de nombreuses pertes supplémentaires. Nous sommes redevables aux hommes-bêtes. Dro'Vendal nous a également avoué que son peuple souffrait de la perte des jeunes enrôlés pour soutenir le Royaume hildan de Baram dans sa guerre au sud-est (j'avoue ne pas vraiment m’être renseignée sur cette guerre mais il faudrait à l'avenir que je me tienne plus amplement informée). En effet, amputés de leurs vigoureux jeunes adultes, les Vand'rills subissent des attaques répétées d'ogres. J’espère qu’une fois cette histoire terminée, nous pourrons les aider en retour.
Après cet accord, l'hortate nous a invité à rester dîner dans le village. Les Vand'rills avait préparé une immense table couverte de nourriture autour de laquelle nous avons été conviés à nous asseoir. Certains d'entre eux commençaient déjà à danser au rythme endiablé des tambours tribaux.
J'ai pu constater que les hommes-bêtes étaient un peuple simple et généreux. Ils nous ont modestement offert d’innombrables mets en tout genre. J'admire également la grande tolérance présente chez ce peuple. Ce n'est pas tous les jours que l'on peut voir un lion et un blaireau se côtoyer et être amis. Chasseurs et proies se mélangent pour ne former qu’un. C’est étrange, certains pourraient même dire contre nature, mais au contraire, les Vand'rills forment une seule entité, malgré leurs différences. Pour cela, je les respecte beaucoup.
J'ai pu faire la rencontre de deux enfants adorables, une petite chatte et un jeune blaireau. Ils se sont montrés très curieux sur le mond extérieur à leur forêt et ont tout deux été charmants. J’envie beaucoup leurs parents…
J'ai aussi appris que nos hôtes étaient très superstitieux, je ne me suis pas plus penchée sur quelles entités ou croyances exactement mais il m'a semblé judicieux de leur faire un petit présent pour les remercier…
J’ai décidé, avec l'aide d’Odvar, de leur confectionner un puit lunaire afin de protéger leur village autant que possible et de leur donner un peu d'espoir. Le nordiste et moi-même avons profité de la foule pour offrir un petit spectacle aux Vand'rills curieux. Après quelques « tours de magie », les petits comme les grands étaient tous absorbés par le tournoiement de l'eau et les valses lumineuses. Une fois le puit effectué, nous avons eu le plaisir de recevoir les remerciements sincères du village entier. Je suis vraiment contente que mon geste leur aie plu.
Suite cet épisode, l’intérêt porté sur notre groupe a été décuplé. Je ne compte plus le nombreux de mâles qui se sont bousculés pour converser avec moi. A force de côtoyer mes sœurs d'arme, je pense avoir perdu assez de ma naïveté pour comprendre où ces hommes voulaient en venir. Il semble que le partage de tente soit quelque chose de folklorique chez les Vand'rills. Je n’ai pas pour habitude de cautionner ce genre de comportement mais il m'a paru inconvenant de commenter cette pratique, déjà expérimentée par Elvira et Adrianne d'ailleurs. Même si je ne comprends pas ces agissements sauvages, ils semblent ragaillardir et revigorer les hommes. Alors, pour ne pas trop froisser les fiertés, j'ai préféré continuer les conversations avec un des deux petits enfants sur mes genoux, histoire de décourager les plus téméraires. Adrianne et Odvar ont tout de même pu goûter à la chaleur d'une couche partagée. J'ai également été surprise de voir Elvira et Tyraël s’éclipser sous une même tente, sûrement en quête de courage pour la bataille à venir.
Me retrouvant seule encore parmi les festivités, je suis vite partie me coucher, accompagnée des deux enfants Vand'rills, décidés à ne plus me quitter.
Le lendemain matin, une humeur doucereuse planait sur le village accompagnée d'un magnifique soleil levant baignant la Forêt d'un éclat mordoré. Je me suis levée plus tôt afin de profiter de ce spectacle mais également de la timide animation matinale. Ce genre de choses simples me rappelle pour quoi, mais surtout pour qui, je me bats. Cette vision de multiples vies tranquilles me réchauffe le cœur.
Après le réveil de chacun et de brefs adieux, nous sommes retournés au temple d’Imperia. Les exorcistes nous y attendaient pour que je puisse ouvrir le passage magique entre la Forêt des Vand'rills et le Temple de Palidor.
J'ai eu le plaisir de rencontrer le Seigneur Thanatiel Roevin dès notre arrivée au Temple de la Licorne. C’est un homme imposant et charismatique. La possibilité que je me batte à ses côtés est un grand honneur pour moi. Je suis rassurée que mon peuple prenne conscience de la gravité de la menace que représentent les nouveaux habitants de Del'Amaris.
J'ai ainsi pu retrouver mon frère, Galdor, parmi les troupes Thanatiel. Le voir dans son armure étincelante sur sa magnifique monture a gonflé mon cœur de fierté et je sais que sa tâche le remplit de bonheur. Même s’il affirme aller bien, il semble légèrement blessé, ce qui m’inquiète énormément. Malgré notre éternité, nous ne sommes pas immortels, j'en ai encore eu une belle démonstration à Chimelindë face à Asmön et Galdor ne fait pas exception à la règle. Je regrette de l'avoir amener lui aussi dans ce combat incertain, je ne sais pas ce que je ferai s’il advenait que je le perde… Je ne pourrais certainement plus jamais regarder nos parents dans les yeux ni croiser mon reflet dans un miroir…
J’ai été très peinée d'apprendre que l'auteur de la blessure de mon frère n’était autre qu’un grand loup blanc, accompagné d'une jeune magicienne à la crinière d'or, aux yeux bleus transperçant et en possession d'un collier avec un croc de loup comme pendentif. Tout me porte à croire que cette femme serait la sœur perdue D’Odvar, celle qu’il m'avait déjà demandé de trouver à travers mes visions d’Azel… Elle se trouvait parmi les adeptes de N'Audar, j’espère franchement faire fausse route mais tout semble indiquer que mon intuition est juste. La situation se complique et je ne sais comment l'annoncer à notre druide de l'eau.
Malgré cette nouvelle de mauvaises augures, il se peut que nous ayons des informations plus réjouissantes. En effet, la sage Tyras'Lyn de L’Académie de Tamasa a réussi à une faire parvenir une lettre nous apprenant que certains de ses élèves (dont William et Jonah) s’étaient portés volontaires afin de venir nous porter main forte et que des troupes hildanes du Compté de Sérevian étaient également en marche pour nous soutenir.
Une archimage Svartal’Heim de la maison Tyras'lyn nommée Aveleen nous sert d'agent de liaison, Elvira et Adrianne lui ont déjà donné des lettres qu’elles souhaitaient transmettre. J'ai décidé moi aussi d’écrire plusieurs lettres, une première pour informer mes parents de notre avancé et une seconde pour Emrys, dans le but de le rassurer. Pour celle de mes parents, j’ai tâché d’être claire et concise, de les rassurer grâce ma détermination et de leur faire une dernière demande, au cas où le pire adviendrait. Je ne peux pas en dire autant pour la lettre d’Emrys. Je sais que cette attention lui plaira mais j'ai peur de ne pas avoir été aussi rassurante que je ne le voulais. Maintenant que j'ai ouvert mon cœur, je ne peux faire machine arrière. Tout ce qui est en mon pouvoir, c’est de lui faire une promesse. La promesse que je reviendrai, coûte que coûte. Je prie pour ne pas trahir ma parole, le faire ne signifierait qu’une seule chose, une bien funeste chose…
Je n'ai pas peur de mourir. Je n'ai pas peur de mourir en sachant que j'ai fait tout ce que j'ai pu. Je n'ai pas peur de mourir pour mon combat, notre combat. Je n'ai pas peur de mourir car je sais que je me bats pour une cause noble. Une cause qui mérite tous les sacrifices. Une cause qui ne représente qu’une simple et magnifique chose : la vie. Aussi paradoxale soit-il, je suis prête à mourir pour la vie.
Les Valars sont une gangrène, un fléau qui compte s'abattre sur le monde. Nous devons empêcher ce poison insatiable de s’étendre sur tout Terrä et c’est bien ce que nous allons faire. Alors non, je n'ai pas peur de mourir car j'emporterai le mal avec moi. La seule chose que je crains, qui me tiraille l’estomac, c’est de perdre. De perdre ce à quoi je tiens. J'ai peur, peur de voir mes sœurs, mes amis mourir au combat à mes côtés, peur de voir sombrer tous ces innocents plongés dans ce conflit qui les dépasse, peur de perdre cette bataille, peur de voir mon Monde dans les flammes, peur de voir ma famille souffrir, peur de ne plus jamais sentir le regard brillant d'amour d’Emrys sur moi… Tout cela me ronge de l’intérieur mais je reste déterminée, nous n'avons pas droit à l’échec.
Notre plan est prêt. Nos forces encercleront totalement Derval’Amaris tandis que nous rentrerons dans la cité par la rivière la traversant. Nous progresserons dans la ville maudite jusqu’à la tanière du Démon. Alors le combat final débutera. Nous espérons que l'armée ennemie arrêtera la bataille lorsqu’elle aura perdu son chef. Notre rôle est capital.
Le dénouement approche.
Les dés sont jetés.
C’est maintenant ou jamais.