[Background] Raven, Mystique charognarde

A l'intérieur, tout était sombre et vide et c'était dans de longs sanglots que chaque jour elle devenait plus avide. Dissolue dans l'acide identitaire des villes mystiques, Raven semblait invisible. La singularité n'y était que trop commune et plurielle.

Orpheline, Raven ignorait tout de ses origines. Voilà bien des années, on l'avait trouvée au beau milieu d'une place de Magna, amnésique et hagarde, tenant simplement une lettre cachetée à la main. Âgée d'une dizaine d'années, ne sachant alors ni parler ni écrire, mais vêtue de nobles atours.  
Après lecture de la missive, elle fut recueillie par les religieux de sa commune qui lui offrirent un toit et une instruction. On lui fit faire le tour des maisonnées alentours, soupçonnant là quelque sombre histoire de bâtardise mais nul de la reconnut.

De son passé, elle ne garde que des lambeaux de souvenirs. Elle se souvient avoir longtemps vécu dans une chambre, isolée de tous, dans le noir, avec pour seul contact humain, un homme masqué lui portant à manger. Jamais elle n'avait entendu sa voix mais elle gardait de lui le souvenir d'une odeur qu'à ce jour encore, elle n'avait pas identifié.

Pourquoi l'avait-on enfermée ? Pourquoi l'avait-on libérée ? Jamais elle ne le sut.

Aussi, était-elle, littéralement, une fille sans histoire. Elle passait donc son temps à grignoter celles des autres. Elle avait si faim de ne pas savoir qui elle était qu'elle avait entrepris de dévorer autrui au point de chercher à s'en accaparer et l'apparence et le ressenti. Ses yeux ambrés, creusant son visage à la peau gris-tombe, lui conféraient cette capacité à s'octroyer ce qui ne lui appartenait pas : les émotions et le passé de ses semblables. Tel un charognard, elle se nourrissait des restes mémoriels, passant son temps à s'imprégner de l'Histoire, celle avec une grande hache, mais aussi de celles des plus modestes, constituant la mosaïque de tout temps, passé et présent.

Malgré maintes supplications, ses instructeurs s'étaient toujours refusés à lui laisser lire la missive qui l'avait accompagnée à Magna, lui jurant que ce qu'elle contenait la conduirait à sa perte. Mais perdue, elle l'était déjà, contesta-t-elle. Quel était le sens de sa vie après avoir vécu dix ans dans l'obscurité ? Qui pouvait bien haïr à ce point un enfant pour lui faire subir un tel sort ?

Lentement, prudemment, son instructeur s'était alors levé, avait ouvert un coffret en vieux bois d'où il avait sorti la lettre. L'enveloppe la contenant était marqué d'un sceau rouge dont le relief représentait une serre de corbeau. Fébrile, elle s'empressa d'ouvrir la lettre. La raison de son existence était là, à l'intérieur. Mais...

Mais à l'intérieur tout était sombre et vide et c'était dans de longs sanglots que chaque jour elle devenait plus avide...

Le visage ravagé, son instructeur lui dit que si la lettre était dépourvue d'inscription, le sceau était bien plus parlant et que, puisqu'elle y tenait tant, elle devrait se rendre sur le vieux continent, où elle trouverait peut être ses réponses, et sûrement la mort.

Ainsi commença le voyage de Raven.
 

Alors, je peux me tromper, mais de mémoire, je crois que ça avait un rapport avec l'empathie ou les souvenirs...je sais plus exactement quoi, ça doit te parler plus qu'à moi...