Article a méditer pour l'avenir du JdR

Le rôliste, pire ennemi du Jeu de Rôle

Statistiquement, il y a un pourcentage de cons dans tous ceux qui pratiquent une activité… Donc dans le JDR aussi. Certains comportements sont cons (du genre haïr viscéralement un système de jeu et/ou un univers, avoir une adoration particulière pour un système et le défendre envers et contre tous en niant ses défauts, ou se battre durant des jours pour savoir si les Xorglubs à poils bleus dans Laser & Lasagnes 3e édition devraient avoir +3 à l’attaque au lieu de +5 car dans le film dont s’inspire le JDR ils sont très méchants, etc.) et me font secouer la tête en mode « Seigneur pardonne leur ils ne savent pas ce qu’ils font ».

Mais il y a des jours où, en lisant les discussions j’ai juste envie d’en prendre un pour taper sur l’autre !!  Notamment quand je tombe sur une discussion où un rôliste lambda demande un JDR pour initier sa copine en disant : « Elle veut un truc plutôt réaliste, pas de fantasy ou de SF »…
Il y a quand même des abrutis qui lui sortent : « scène de ménage rpg » ou « Mariage rpg » (avec une faute d’orthographe au passage) » et autres réflexions sexistes…  

Je passe les habituels : « Et si tu allais voir mon JDRA qui est super topissimement génialissime  même s’il n’a rien à voir avec la choucroute ? », le classique « Ah on pose une question je vais exister sur fesse bouc et donner mon avis même si je n’ai pas lu la question »  ou encore le hululement d’effroi et de dégout « Mais nooooooon tu peux ABSOLUMENT pas prendre tel ou tel système car il horrible/affreux/impie/obscène/blasphématoire/narrativiste/simulationniste/avec des dés/sans dés » (rayez la ou les mention(s) inutile(s)), les réflexions ne servant strictement à rien: « Mais quel intérêt s’il y a pas de fantasy ou de SF »  (tu veux dire comme les séries policières que regardent des MILLIONS de personnes ?) et les réponses complètement à côté de la plaque : « Elle veut découvrir le JDR sur table ? Fais-lui faire un GN/une soirée enquête/du paint-ball[1] ».

Bordel ! Oui je jure car rôliste mon ami, je vais te faire une confidence. Rapproche-toi et ouvre grand tes esgourdes et ferme ta grande gueule (le grand mal de notre époque : personne ne prends le temps de lire une demande ou d’écouter les autres).
Nous sommes une minorité, un petit nombre, un loisir de niche, un micro-organisme, un truc compliqué à expliquer et à mettre en place, bref on est FRA-GI-LE !

Prenons un exemple au hasard : le football. Malgré le fait que le milieu professionnel soit pourri jusqu’aux os par le fric (le milieu amateur je ne m’y suis pas intéressé) que le supporter moyen n’ai pas inventé l’eau tiède et que les joueurs ce n’est pas souvent mieux, ça marche du feu de Dieu ! Je ne vais pas expliquer toutes les raisons (au hasard la facilité à mettre en œuvre, l’exaltation de sentiments « nationalistes » (dans le sens où est heureux si sa ville/son pays gagne comme si on avait gagné une guerre), les exploits sportifs, le besoin de partager des émotions fortes, etc.).

Donc le foot est tellement populaire et brasse tellement de fric que si tu dégoutes quelques personnes par ton comportement de connard (comme de klaxonner à 3h du matin car 11 millionnaires ont poussé la baballe au fond d’un filet, te permettant un instant d’oublier ta vie ordinaire et tes échecs)[2] ma foi ce n’est pas grave. Les TV continueront de payer des sommes astronomiques pour vendre du temps de cerveau disponible pour coca-cola et Cie, les footballeurs continueront de jouer, les gens achèteront le maillot de leur idole et des ballons de foot continueront d’être cousus par des enfants du tiers monde pour que des occidentaux jouent avec.[3]

Et le JDR ? Eh bien tu peux continuer à jouer à Massues et Massacres 1ere édition dans ton coin sans problèmes.  Le JDR a ça de formidable, qu’avec un bouquin, on peut jouer des années et des années durant. Mais si tu as envie qu’un jour on arrête de te demander : « Mais le jeu de rôle ce n’est pas une activité pour no-life boutonneux et célibataire ? » ou : « Mais ce n’est pas cette activité où les gens se suicident ? » et autres questions montrant la méconnaissance totale du grand public. Si tu as envie de continuer à trouver des JDR de qualité (sans « fôtes d’aurtografeuh » monstrueuses, bien maquetté, joliment illustrés, avec des règles playtestées) et qui ne coute pas un rein, eh bien c’est simple, c’est même plus que simple, c’est enfantin : « ARRÊTE DE TE COMPORTER COMME UN CONNARD ASOCIAL !!! »

Plus il y a d’acheteurs potentiels pour un JDR, plus tu peux faire baisser les prix. Plus les éditeurs vendent, plus ta boutique de JDR aura des chances de ne pas lui laisser la portion congrue pour vendre des jeux de plateaux ou des jeux de cartes. Plus tu fais de démonstration de jeu de rôles plus les gens seront au courant. Certains n’aimeront peut être pas plus que ça. Mais quand on leur en parlera, ils sauront ce que c’est, et pourront même détromper des interlocuteurs ayant des idées préconçues.

Le JDR demande un investissement en temps, ça demande des efforts intellectuels et ce n’est pas simple à expliquer (le foot prend deux minutes top chrono pour le principe de base). Donc pense marketing, commercial, présente ton produit et ses avantages. Quand on veut te vendre une bagnole, est-ce qu’on te dit : « Bah c’est une voiture quoi, elle roule et elle consomme peu ». Non on t’enrobe le truc on te donne à penser que dans cette voiture tu seras "mirifiquement génial", que les femmes se pâmeront devant toi (car les pubs de voiture sont visiblement faites pour les mâles hétérosexuels), que tu seras le "maître de la route", etc.

Pour le JDR c’est pareil il faut appâter le chaland. Le jeu de rôle est une activité extraordinaire, un moyen convivial de passer du temps entre amis, une continuation des contes d’autrefois, on peut vivre des aventures mémorables sans quitter la pièce, comparé à la lecture ou au cinéma, c’est toi qui forge la destinée de ton personnage, feras-tu mieux que tous ces héros de fiction où tu t’es dit : « moi à sa place je ne ferais pas ça », comparé au jeux vidéos il n’y a que peu de limites, et aucun ordinateur n’aura autant de réactivité qu’un conteur humain…

Si tu dégoutes le, ou la moitié d’un ou une rôliste, tu peux être sur qu’il/elle va en parler à ses proches. Et elle ou il ne va pas dire :
« Hi hi hi ! J’ai voulu voir ce que c’était que le loisir de mon/ma chéri-e, j’ai parlé à ses potes, ils m’ont traité comme une merde et ont sortis des blagues sexistes, j’ai trop envie d’essayer !! ».
En relation client on apprend qu’un client mécontent en parle (en moyenne) à 10 personnes, un client content au max à 3-4.  En conclusion, rôliste mon ami, si tu veux dégouter 10 personnes du JDR, continue comme ça.

J’en vois qui trépignent au fond. Une question ? Oui vous là bas, le métalleux à tee-shirt noir j’écoute : « Comment on fait pour initier alors ? ».
C’est une excellente question, mais ceci est une autre histoire qui sera contée une autre fois…