Mini-campagne COF : conclusion

Combien de temps s’est-il écoulé ? J’ai rencontré Fifrelin il y a 10 ans maintenant et quand il me raconte son passé je n’arrive jamais à savoir s’il ment, embellit un peu la vérité ou est d’une franchise déconcertante. Alors quant à savoir de quelle époque il me parle, c’est un rêve sans espoir de réalisation.
Belhaim était une simple étape, une nuit ou deux de repos avant de traverser la forêt du Verduran. A l’auberge du coin, un trou perdu au milieu de nul part, j’ai repéré ce gnome attablé devant un plat et une bière. Il avait l’air tout perdu presque timide. N’écoutant que mon bon coeur je lui ai proposé de lui tenir compagnie. C’était le serrurier du village. Après quelques bières que j’ai offertes pour briser la glace, j’ai sorti un jeu de dés, histoire de terminer la soirée en misant quelques pièces, d’argent pour commencer. C’était presque trop facile…
Enfin c’est ce que je me suis dit au départ. Vers une heure du matin, après avoir perdu 15 pièces d’or, réglé les repas et les nombreuses bières j’ai commencé à me poser des questions sur l’air innocent de mon nouvel ami. C’est alors que j’ai aperçu l’air hilare du tavernier et des deux serveuses. Le regard du videur, un nain plus large que haut, m’invitait à prendre la leçon avec philosophie. Les cinq dagues dissimulées que me fit volontairement entrevoir Fifrelin en rangeant ses gains finir de me convaincre.
Alors peut-être par curiosité, peut-être par esprit de contradiction, je suis resté un jour de plus, puis un autre et encore un. J’ai fini par m’installer ici comme apprenti serrurier chez Fifrelin. Après tout c’est un métier où moi aussi j’avais quelque expérience.
Les longues soirées d’hiver sont propices aux contes, à ressasser le passé, à partager les confidences au coin du feu.

L’histoire de la cité d’Ulduvai
Avant d’être le serrurier du coin j’étais un aventurier. Je suis arrivé à Belhaim comme toi, un peu par hasard, comme une simple étape dans un voyage sans but. J’étais avec une équipe loin de ressembler à ce que tu trouveras dans les légendes habituelles.
Alors tu vois mon gars, après avoir été anoblis pour avoir sauvé la ville d’un terrible dragon vert, nous sommes partis direction le nord est. Pas vraiment possible de te dire où nous allions, nous suivions une boussole magique qui indiquait une direction qui n’était pas le nord habituel.
Après de longues semaines nous voilà dans une vallée presque tropicale au milieu d’un cratère en pleine montagne. Un peu comme ces bains chauds au pied de certaines sources.
Pour résumer disons que nous avons trouvé une citée antique. Mais vraiment antique, genre quelques millénaires. Pour être exacte c’était Ulduvai, la dernière cité volante de l’ancien empire Shory.
Nous avons passé plusieurs mois sur place à explorer, à essayer de comprendre quelle entité semblait occuper la cité de sa présence maléfique, comment s’en débarrasser. La ville était encore dirigée par trois sorciers Shory, plus morts que vivants après tout ce temps, et surtout complètement cinglés.
Finalement nous avons réussi à nettoyer les lieux et même à ramener les dirigeants d’antan, vivants même s’ils étaient surtout surpris, affaiblis et un peu perdus.
Par esprit d’aventure, peut-être pour terminer ce que nous avions commencé, nous avons décidé de nous lancer à la recherche de trois artefacts Le Grand Gouvernail, le Sac des Vents et le Concentrateur d’Eclairs. Ces trois objets merveilleux devaient permettre à la cité de retrouver sa puissance, de parcourir à nouveaux les cieux et pourquoi pas de faire de nous des héros.
Un jour je te raconterai en détail l’histoire de chacun d’entre eux, de ce que nous avons traversé, affronté et vaincu pour les ramener.
Pour faire rapide disons que l’ancien et nouveau roi de la cité était un magicien, et pas un débutant si tu veux mon avis. Rapidement nous avons aperçu des bestioles se balader en ville et retaper le palais puis les autres bâtiments. Des miniatures humanoïdes, en terre ou en pierre, sortant d’un trou de souris, d’une bouche d’égout ou de n’importe quelle ouverture disponible. Les homoncules, puisque c’était leur nom, étaient partout, chaque jour plus nombreux.
Après quelques semaines le conseiller Lucran Chassenuée nous a indiqué une piste pour retrouver Le Grand Gouvernail. Je ne sais toujours pas comment en si peu de temps les Shory prenaient leurs marques dans notre époque, semblaient nouer des alliances, et obtenir des renseignements aussi précieux.
Nous voilà partis pour le sud, la mer intérieure et ses îles infestées de pirates. Il nous a fallu un an pour apprendre les bases de la navigation, infiltrer un équipage pirate, fomenter une mutinerie et s’emparer du navire. Vingt-quatre mois de plus ont été nécessaires, d’abordages en combats navals, d’arraisonnages en libérations d’esclaves pour se constituer une flotte capable d’affronter celle du Capitaine Kerdak Bonefist que certains pensent être à la tête de l’état pirate des Shackles. Après un combat épique nous avons réussi à prendre pied sur son navire, à disparaître avec et à démonter les cordages et les voiles qui forment Le Grand Gouvernail.
De retour à Ulduvai les choses avaient encore évoluées. Martaniss Gloriandor, l’ancienne capitaine de la garde de la ville, devenue la conseillère en défense, n’avait pas perdu de temps pour organiser le repeuplement de la cité. Des marchands rêvants de contrats juteux, des artisans, des aventuriers, des érudits, des gardes s’étaient installés dans les bâtiments restaurés. Une seule ombre au tableau : mes amis et moi étions les seuls représentants de nos races respectives. Les Shory ne proposant de les rejoindre qu’à des humains.
Le Sac des Vents était entre les mains d’une Duchesse particulière. A l’époque de leur grandeur les Shory n’avaient pas hésité à asservir des habitants du plan de l’air pour faciliter les déplacements de leurs cités. Hsurha, le Tyran des tempêtes, le Tourbillon invisible, Duchesse de tous les vents avait pris un plaisir particulier à s’approprier l’artefact, comme une ultime offense à l’empire disparu. La déesse auto-proclamée des élémentaires de l’air était une adversaire bien au-delà de nos capacités, surtout sur son propre plan, à l’intérieur de son palais.
Tout d’abord nous avons dû localiser et nous rendre à Sigil, la cité des portes. Un jour je te raconterai cette ville fabuleuse, aussi dangereuse qu’attirante. De là nous avons pu passer sur le plan de l’air.
Aidés des Djinn de l’air, toujours un peu paternalistes avec les créatures du plan matériel, nous avons pu nous introduire dans le palais, survivre à son labyrinthe invisible, aux nombreuses rencontres désagréables, récupérer l’objet convoité et surtout repartir vivants.
Le magicien nous a faussé compagnie à notre retour, restant à Sigil quelques temps pour des raisons personnelles. Lorsqu’il nous a rejoint à Ulduvai, il avait changé. Ceci est une autre histoire.
Avec ses deux artefacts la cité pouvait reprendre son envol, parcourir de nouveau le ciel de Golarion. L’or a commencé à couler à flot, le transport étant infiniment plus rapide et plus sécurisé que via les caravanes à terre ou en mer. Avec l’or et le succès vint la convoitise…
Lucran nous intima l’ordre de partir à la recherche du dernier objet nécessaire à la survie de la cité d’Ulduvai. Le Concentrateur d’Eclairs était une arme redoutable, capable de protéger la ville plus efficacement qu’une armée.
Sa piste menait directement au coeur des plus hautes montagnes de Golarion, dans la forteresse d’un géant des tempêtes.
Pour faire bref cette mission fut à la fois une des plus faciles en terme de réflexions et une des plus périlleuse en terme de combat.
Depuis la cité sillonne les cieux, et je pense parfois à ceux qui sont restés là-haut.

L’histoire Fifrelin

J’ai eu mon compte de gloire, de combats, d’honneurs et de souffrances. La vie en altitude ne me convenait pas vraiment cela manquait de gnomes là-haut.
Finalement après quelques années j’ai décidé de retrouver le manoir que nous avions à Belhaim. Comme il faut bien s’occuper et que la noblesse n’empêche pas l’ennui, j’ai décidé de me faire serrurier. C’était une de mes spécialités les moins dangereuses à transmettre.
Un jour peut-être, je te montrerai mon secret… J’ai acquis un tel niveau de maitrise des ombres que je peux faire beaucoup mieux que de me déplacer de quelques mètres. Je peux disparaître et apparaître dans le dos d’un adversaire même en plein combat, je peux franchir des distances de plusieurs kilomètres.

L’histoire de Hedbar Pellant
Mon ami le forgesort a bien changé au cours de notre périple. D’abord réticent à prendre part aux combats il nous soutenait par son alchimie. Le temps passant il se retrouvait de plus en plus souvent au coeur de la mêlée, déchainant le feu et puis l’acier.
Au début de nos aventures j’avais remarqué qu’étrangement les pièges et les attaques élémentaires ne semblaient pas avoir sur lui le même impact que sur le reste d’entre nous. Il est resté très évasif sur le sujet.
Au fil des ans j’ai appris qu’il possédait un cristal forgesort, transmis par son grand-père. C’était un objet de grande puissance, qui demandait du temps et des sacrifices pour se lier à son porteur. Ce globe magique lui permet aujourd’hui, s’il est encore en vie, de résister pratiquement à n’importe quelle blessure causée par le feu, l’eau, l’air, le froid, l’acide ou bien l’électricité. C’est certainement grâce à ce globe qu’il a pu si bien se battre lors de nos péripéties sur le plan de l’air et dans la forteresse du géant.
Hedbar a choisi de rester dans la cité volante.

L’histoire de Zeke Diboudi
Ce compagnon facétieux selon certains, un peu fou selon d’autres, nous a quittés après le retour des Shory. Je crois qu’il avait acquis une très grande connaissance de la sombre tapisserie entre les ouvrages aux pattes du dragon vert et ceux de la bibliothèque d’Ulduvai.
J’entends parfois des rumeurs au sujet d’un gnome étrange qui aurait fondé une confrérie à travers tout Golarion, recrutant aussi bien en Taldor que dans la Plaie du Monde, chez les êtres étranges de Numérie et au Chéliax, au sein du Royaume des Fées et au coeur du territoire Orc.
Les bruits de tavernes prétendent que ce gnome aurait une connaissance très étendue sur un danger qui menace notre monde, qui serait peut-être déjà parmi nous. Il organiserait une résistance. Parfois certains font état de connaissances si noires que ce gnome aurait perdu la raison.
Je ne peux pas m’empêcher de penser que c’est Zeke.

L’histoire de Krag
Krag était une énigme. A la fois un meneur d’hommes (ou surtout de gnomes dans notre cas) sans faille et un demi-orc caricatural de cette ethnie. Quand je l’ai connu il ne savait pas lire, prenait au premier degrés toutes les plaisanteries des autres membres de l’équipe, plaisanteries pas toujours du meilleur goût d’ailleurs (il a essayé de racheter nos dettes avec trois galets ramassés au bord du lac). Puis avec de la persévérance (de sa part) et beaucoup de patience (de la part du mage) il a appris à lire et à écrire.
Lors de la libération d’Ulduvai il fut nommé général de la défense extérieure. C’était sans doute le seul de la compagnie à croire qu’il ferait quelque chose de sérieux, surtout quand il commença immédiatement par recruter quelques hommes-lézards ne parlant pas le commun et sans idée de comment la solde serait versée.
Pourtant à chacune de nos mission il cherchait à engager de nouvelles recrues, avec une telle indifférence pour leurs origines qu’il devait être le seul à ne pas remarquer qu’il se retrouvait à la tête de la seule partie non-humaine de la cité.
Sur le plan élémentaire de l’air il se débrouilla pour passer un accord avec des chasseurs invisibles. Lors de la visite des montagnes il renoua les liens ancestraux entre Ulduvai et les griffons. Pour une raison qui m’est restée inconnue jusqu’à ce jour, le mage lui ramena un compagnon particulier de son escapade en solitaire à Sigil : un phoenix.
Au fil du temps il devint un vrai général, avec un bataillon de demi-orcs montés sur des griffons, des nains portés par des aigles géants, des chasseurs invisibles protégeant les accès à la cité. Et lui juché sur son oiseau de feu.

L’histoire d’Elaheh
Elaheh a quitté Ulduvai en même temps que moi. Elle n’est restée que quelques semaines au manoir avant de reprendre la route. Depuis plusieurs années elle sentait un appel. Après avoir discuté avec Azmur Kell le druide de Behlaim, elle est partie au coeur de la forêt du Verduran. Elle revient me voir de temps en temps.
Il semble qu’elle ait passé avec succès plusieurs épreuves faisant d’elle un des protecteur de la forêt au sein de la Loge des Druides.
Je ne sais pas quel rôle Elaheh a joué exactement dans cette histoire. En tout les cas un nombre croissant d’attaques concertées entre les druides, les fées, les elfes et les shamans de la forêt du Verduran, associé par hasard au positionnement d’une étrange cité volante au-dessus de la capitale, a convaincu le gouvernement Andoran de signer le même traité que le Taldor il y a des années, accordant une semi-autonomie à la partie de la forêt sur son territoire et à un strict contrôle des coupes de bois.

L’histoire de Fahliil Aegnor
Depuis sa mésaventure avec les ankhegs où il avait perdu un bras et gagné de nombreuses cicatrices de brûlure, je sentais bien que quelque chose refaisait surface.
Puis les cicatrices ont disparu, ses sorts de feu gagnaient en efficacité au prix de nouvelles blessures sur sa peau, il a commencé à écouter des voix et à s’intéresser au plan élémentaire du feu. Une très mauvaise idée d’après moi.
Il mis de côté ses recherches pour se concentrer sur nos missions, du moins au début. Je pense qu’à Sigil l’occasion a du paraître trop belle…
Fahliil m’a raconté plus tard, bien plus tard, ce qu’il avait alors découvert.
Une fois sur le plan du feu il s’est vite aperçu qu’il avait besoin des protections comme le commun des mortels pour rester en vie plus de quelques respirations brûlantes. Cependant dans son cas, l’absence de toute protection semblait supportable plus longtemps, même si la mort était évidemment la seule issue.
Sur place les voix sont revenues, plus fortes, plus pressantes. Finalement un élémentaire de feu s’est présenté à lui. Il ne sait pas comment, pourtant il semble que c’étaitt sa mère. Son héritage élémentaire expliquant alors certaines de ses capacités.
De ce jour il a pu les travailler, les exploiter, les rendre plus performantes. Aujourd’hui je pense encore que mon ami est humain, mais je ne suis pas certains que tous partagent mon avis. Je l’ai vu traverser le souffle d’un piège de feu sans même que ses vêtements ne fument. J’ai vu sa peau se racornir, ses cheveux s’enflammer alors que sa flèche de feu tuait net un géant du froid. J’ai vu une tornade de feu se déplacer autour de lui et semer la mort et l’horreur.
Aux dernières nouvelles le mage a localisé le dragon rouge qui a détruit son village et massacré sa famille. Le grand ver serait mort depuis des années et le mage aurait décidé de se mettre en chasse du mythique Cimetière des Dragons pour se venger par delà la mort.